Pise, 1951.
Un lieu, une date.
Ce nouveau roman de Dominique Fernandez, membre de l'Académie Française, est avant tout l'histoire d'un lieu: Pise, ville italienne, et d'une époque, 1951, à la sortie de la guerre.
Mais c'est aussi la nostalgie d'une époque; l'Italie de la Renaissance, de Fra Angelico, de Puccini, des Médicis...Regard rétrospectif, situé volontairement dans une époque déjà révolue.
Nous pensons à Pise, 2011.
Que reste t-il des aventures de Robert, Octave et Ivanka? C'est toute la part qu'il reste à franchir pour le lecteur, invitation au voyage, à la nostalgie, rappel que chaque époque, passe elle aussi.
Octave et Robert passent une année d'étude à Pise. Le premier est un fils de « bonne famille » comme on dit, intellectuel timide et passionné, il s'éprend de l'Italie de Boticcelli, et de la belle Ivanka. Robert, le narrateur, est un garçon plus « terre à terre ». Élevé dans une famille rurale, c'est à la vie du quotidien qu'il se dévoue.
Ivanka est la fille d'une riche famille déchue par la guerre. Tous les dimanche, les garçons se rendent avec un troisième camarade, Elio, en vélomoteur pour s'occuper de la vieille demeure en ruine, dernier signe d'un passé glorieux révolu.
L'Italie de 1951 se remet à peine du fascisme, oscille entre moeurs austère et modernisme, entre catholicisme et communisme. C'est un pays et une culture en pleine mutation, loin des clichés de la « dolce vita ».
Au-delà de ce portrait sociologique, c'est aussi des portraits individuels. Celui surtout d'Octave, qui incarne un peu de ce mythe d'une Italie rêvée, et pourtant tourmentée par des réalités bien différentes.
Pise.
Un lieu de légende, que tout le monde connaît pour sa célèbre tour penchée et méconnaît pour ne rarement s'aventurer au delà du parvis et de la pelouse bien coupée du Duomo.
1951.
La sortie d'une guerre mondiale, dont le monde renaît changé.
Une époque de bouleversements et de transitions entre deux mondes, un archaïsme mythifié et un modernisme difficile à assumer.
L'histoire aussi d'un jeune garçon en proie aux moeurs austères et pétries de jugement (et d'auto jugement) qui peine à se libérer de ce carcan. La question de l'homosexualité, ébauché en toile de fond, discrète et subtile, engage à la réflexion.
Et enfin l'invitation à s'interroger sur ce que serait ce roman, Pise, 2011, écrit soixante années plus tard, et sur le regard qu'il soumettrait à ses contemporains.
Un date et un lieu sont toujours les carrefours de plusieurs lectures, et le rappel que l'histoire n'est que l'emboîtement de plusieurs regards rétrospectifs.