J'étais enthousiaste à l'idée de lire ce livre jeunesse qui aborde un sujet particulièrement important à aborder avec des élèves (pré-)adolescents : les migrations.

L'ouvrage comporte un sommaire assez complet sur la question, et le texte est accompagné de jolies illustrations. Le contenu est accessible sans être enfantin.

Tout partait bien jusqu'à ce que l'autrice aborde la question épineuse des tensions entre le modèle de l'Etat-nation et le multiculturalisme.



Je vous laisse juger de la pertinence du traitement fait de ce sujet par ces citations (p.34) :


"En France, le modèle égalitaire disparaît puisque tous les citoyens ne sont plus soumis aux même droits. Par exemple, la discrimination positive qui donne des avantages à certains (parce qu'ils sont pauvres...) au détriment des autres rompt avec le grand principe de l'égalité de droit."


"En France le malentendu grossit. Car, tout en prônant les "valeurs de la République", les gouvernements successifs ont laissé s'installer le multiculturalisme, pourtant contraire à l'égalité de tous dans la République."


"Aujourd'hui en France, il est très difficile de critiquer le multiculturalisme sans être accusé de racisme. Pourtant ses opposants sont, pour la plupart, favorables au métissage qui, pour eux, permet l'assimilation. Ils craignent de renoncer à l'idée d'un peuple uni autour d'une même culture héritée des Grecs, des Romains et de la Bible. Ce qu'ils regrettent encore plus, c'est de ne pas pouvoir débattre publiquement de cette question."



Mon but ici n'est même pas de détailler mon opposition envers cette définition du multiculturalisme, que je juge erronée, ni de me scandaliser sur la position de l'autrice sur l'Etat-nation et "l'assimilation", quand bien même elle me donne la nausée.

Ce qui est plus grave encore, c'est de se permettre d'exposer cette vision politique dans un livre jeunesse qui se présente comme une source documentaire. Comment Sophie Lamoureux, pourtant journaliste de formation, peut-elle résumer ainsi ce qu'elle nomme comme "l'éclatement de l'Etat-nation" ?

Laisser un jeune public s'informer ainsi sur la question migratoire, c'est lui imposer un point de vue et l'empêcher de se forger un avis construit par des raccourcis dangereux, saupoudrés du fameux "on ne peut plus rien dire".

C'est d'autant plus dommage que l'ambition de départ est noble, et certaines parties très bien rédigées.

Lunicole
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le 29 mai 2024

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