The L Word est une série avec d’immenses qualités, mais aussi de trop nombreuses déceptions.
Dans cette série cultissime dans la sphère queer, nous suivons Jenny qui, en s’installant avec son petit ami Tim à Los Angeles, se lie d’amitié avec ses voisines Bette et Tina qui l’intègrent à leur groupe d’amies, majoritairement lesbiennes.
Ce qui m’a tout de suite frappée en commençant la série, c’est la richesse des problématiques abordées, souvent avec justesse et intelligence, et le female gaze très appréciable (surtout en comparaison avec des représentations voyeuristes qui passent totalement à côté de la réalité de la vie des lesbiennes, comme La vie d’Adèle…). La promesse d’une série sur les lesbiennes par une réalisatrice lesbienne nourrit alors les espoirs d’une meilleure représentation.
Malheureusement, la série ne tient pas toutes ses promesses, notamment dans le traitement qui est fait de la transidentité. C’est d’autant plus décevant que le personnage de Max (joué par une personne transmasculine, ce qui est assez rare pour être souligné) aurait pu être l’occasion de noter et dénoncer la transphobie ambiante dans la communauté lesbienne. C’est une occasion ratée, puisque Max, dès les débuts de sa transition hormonale, est dépeint comme violent, macho, agressif. C’est toujours à lui de s’excuser, alors que son identité est constamment mise en doute ou tournée en dérision. Jusqu’à la fin de la série, il est mégenré par une partie des personnages. Pourtant, j’ai été agréablement surprise de voir à quel point le discours de Max est juste, encore aujourd’hui, alors que la série a été produite au début des années 2000. Tous les éléments étaient présents pour que ce personnage puisse représenter une réalité (et certains passages sont réellement intéressants, comme le dialogue avec Dana qui est vraiment émouvant), celle du long et difficile, mais aussi salvateur et joyeux, parcours de transition d’une personne trans. Le pire restant le personnage de Lisa (“l’homme lesbien”), qui est complètement méprisé par Alice tout le long de leur relation, qui cherche un “vrai mec”.
Enfin, je trouve le personnage de Jenny inintéressant, en plus d’être insupportable, c’est vraiment dommage de l’avoir choisi comme fil rouge.
En résumé, cette série a le mérite de représenter une certaine réalité -celle de lesbiennes (très) privilégiées de L.A- marquée par la méconnaissance des transidentités, teintée parfois d’un certain mépris. J’ai bon espoir que la suite Generation Q puisse rafraîchir tout ça et être plus inclusive, nourrie des réflexions plus récentes sur le genre et sa diversité. En tout cas, je serai ravie de retrouver les personnages de Bette, Alice et Shane.