"Cry, the beloved country, these things are not yet at an end"
Stephen Kumalo mène une vie paisible de pasteur (« umfundisi » en zoulou), dans les collines isolées de Ndotsheni. Lorsqu’il reçoit une lettre alarmante sur l’état de santé de sa sœur, Gertrude, il entreprend un long voyage jusqu’à Johannesburg – ville du mal, pétrie de dangers, symbole de perdition. Là-bas, il tente de ramener Gertrude, prostituée et mère d’un petit garçon, dans le droit chemin. Et il enquête sur la disparition de son fils, venu il y a des années sauver cette même tante, et englouti par les vices de la ville.
Quand Arthur Jarvis, un célèbre intellectuel Blanc plaidant pour l’égalité raciale, se fait assassiner, Stephen comprend que son fils, en fuite, est impliqué. En effet, c’est bien le gang dont il faisait partie qui a tué l’homme par accident, en voulant le voler. Absalom (nom biblique qui fait référence au fils rebelle de David), dénoncé et abandonnés par ses amis, est inculpé puis condamné à mort. L’absurdité d’un tel acte et d’une telle condamnation est tragique. Ces jeunes Noirs, laissés à eux-mêmes dans un monde sans espoir, volent pour vivre, tuent par peur, et meurent si vite. Absalom est la victime d’un pays où la ségrégation règne, bien plus que le bourreau de son défenseur. Et, pour son père qui lui survit, et qui n’a pu empêcher sa chute, quoi de pire que d’avoir engendré un fils meurtrier ?
Cry, the Beloved Country est le premier roman d’Alan Paton, grand homme politique sud-africain, fondateur du parti libéral et militant contre l’apartheid. Il dénonce avec force la misère et l’horreur d’une société injuste, cloisonnée, corrompue par les inégalités. Son écriture, parcourue de répétitions lamentées - d’injonctions au Grand Esprit (« Tixo, Tixo »), de prières à un Dieu absent – est une litanie poignante.
Extrait (ouverture du roman sur les hauteurs désertées de Ndotsheni) :
Where you stand the grass is rich and matted, you cannot see the soil. But the rich green hills break down. They fall to the valley below, and falling, change their nature. For they grow red and bare; they cannot hold the rain and mist, and the streams are dry in the kloofs. Too many cattle feed upon the grass, and too many fires have burned it. Stand shod upon the grass, and too many fires have burned it. Stand shod upon it, for it is coarse and sharp, and the stones cut under the feet. It is not kept, or guarder, or cared for, it no longer keeps men, guards men, cares for men. The titihoya does not cry here any more.
The great red hills stand desolate, and the earth has torn away like flesh. The lightning flashes over them, the clouds pour down upon them, the dead streams come to life, full of the red blood of the earth. Down in the valleys women scratch the soil that is left, and the maize hardly reaches the height of a man. They are valleys of old men and old women, of mothers and children. The men are away, the young men and the girls are away. The soil cannot keep them any more.