Prix Casa América 2002, le premier roman de l’écrivain argentin Rafael Pinedo décrit un monde apocalyptique : est-ce notre futur ?
Il faudra avoir le cœur bien accroché pour lire Plop tant les situations insupportables se succèdent les unes aux autres. Le contexte ne prête pas à rire : tout est gris ou marron sur cette planète, la pluie est sans fin, comme les amas de détritus qui regorgent de rats et de chats sauvages. L’état de nature n’est pas loin puisqu’une guerre de chacun contre tous se livre à coup de machettes et d’arbalètes.
Au milieu de tout ça arrive Plop, le personnage principal, qui tient son nom du bruit qu’il a fait en tombant dans la boue à sa naissance. Au sein du Groupe où il évolue, Plop a des ambitions et ne peut se contenter de survivre. Adoptant des stratégies d’alliance et découvrant des ressources inestimables (ici la nourriture), Plop va gravir les échelons et sortir de sa condition. Plop, c’est certain, en rebutera plus d’un par son côté trash où le sexe n’apporte aucun plaisir sur cette planète qui est peut-être bien la Terre dans la pire version dystopique qui soit. Mais ce roman cru et glauque, véritable provocation, possède une réelle vision.
« Il pleuvait. Ça faisait longtemps qu’il pleuvait. Et il faisait très froid.
Il n’y avait rien à manger. La truie était pleine.
Elle était gardée nuit et jour pour empêcher qu’on la mange. Les cadavres de ceux qui mourraient la nourrissaient.
Le Commissaire Général avait dit qu’il préférerait manger sa femme plutôt que de sacrifier la truie.
Les femmes accouchaient d’enfants mort-nés.
Les explorateurs généralement ne revenaient pas. L’un deux est resté dehors vingt jours. Il a raconté que c’était partout pareil. Une migration était impossible.
Heureusement, il n’y avait pas de meutes de chiens sauvages. »