Voici ce que dit très justement l'article Wikipedia concernant ce titre.


"Saudade" est un mot portugais, du latin solitas, qui exprime un sentiment complexe où se mêlent mélancolie, nostalgie et espoir.


Ce recueil de poèmes nous présente cinq poètes majeurs portugais en lien avec Lisbonne. Soit par ce qu'ils y sont nés, soit parce qu'ils y ont vécu.


Le sentiment lié à "Saudade" nous suit tout au long du recueil. Comme une ombre, tantôt lumineuse et fière, tantôt dure et injuste.


On découvre donc quelques poèmes de Luis de Camoes, Cesario Verde, Mario de Sa-Carneiro, Florbela Espanca et (biensur) Fernando Pessoa. Cinq artistes ayant vécu à des époques plus ou moins differentes.


Il y a le père de la poésie portugaise : Luis de Camoes. Auteur classique. Il a écrit de très beaux textes, au sujet du port de Lisbonne ou de la vie au XVIème siècle. Il est aussi et surtout l'auteur des Lusiades, qui fait référence dans la littérature poétique portugaise.


Cesario Verde, lui, est le précurseur de poèmes modernes au Portugal. Ces textes parlent du quotidien, de la campagne. Il est balayé rapidement par la maladie, mais il laisse en héritage à beaucoup d'artistes portugais une grande liberté d'expression.


Il y a l'enfant maudit : Mario de Sa-Carneiro. Il est complètement dévasté par une souffrance accablante. Son confident, Pessoa, dira de lui : "Il n'a pas eu de biographie, il n'a eu que du génie." Il est passé très vite sur Terre, mais il a écrit des textes aussi tristes que puissants. "Comme je ne possède pas" en est un joli exemple. Voici un extrait :


" Je regarde autour de moi.
Tous possèdent -
Une affection, une étreinte, un sourire.
Mais pour moi seul se diluent les désirs,
Je ne possède pas même ce que j'enserre.
[...]
Castré d'âme et sans savoir me fixer
Jour après jour dans ma douleur je sombre...
Serais-je un émigré d'un autre monde
Qui même dans mon mal ne puis me retrouver ?... "


Il y a Florbela Espanca, la femme libre. Elle est tumultueuse, amoureuse tourmentée. Elle fut aussi inspirante pour beaucoup d'artistes. Elle avait une urgence de vivre.
Dans "Volupté" elle nous dit :


"Dans la divine impudeur de la jeunesse,
Dans l'extase païenne qui vainc le sort,
Dans un frémissement vibrant d'impatience,
Je t'offre mon corps promis à la mort !


Jouissons avant notre dernier souffle."


C'est une femme du début du XXème siècle qui écrit cela.
D'autre part, voici sa définition de ce qu'est "être poète" :


" Être poète c'est être plus haut
Que les hommes. Mordre comme on embrasse !
[...]
C'est avoir mille désirs de splendeur
Sans savoir seulement que l'on désire !
Porter en soi un astre qui flamboie,
Avoir ailes et serres de condor !
C'est avoir faim, avoir soif d'infini !
Pour heaume, les matins d'or et de soie...
C'est condenser le monde en un seul cri ! "


Peut-être le meilleur poème du recueil pour moi.


Et puis, il y a biensur la superstar des poètes portugais : Fernando Pessoa.
Le recueil présente le poète sous les divers pseudonymes employés par l'artistes. Il y a de très beaux textes, comme "le fiston à sa maman" par exemple. Pessoa se questionne sur plein de sujets, métaphysiques ou quodiens. Ce qui le rend peut-être encore plus grand, c'est l'amour qu'il avait pour les autres. En plus d'écrire tout à fait justement, avec une poesie intelligente et poignante, il montre son immence respect pour les autres artistes.
Il y a cet hommage à Cesario Verde, dont voici simplement les cinq derniers vers :


" C'est pourquoi il avait cette très grande tristesse
Qu'il ne dit ne jamais clairement avoir,
Mais il allait par la ville comme on va par la campagne
Et triste comme écraser des fleurs dans des livres
Et mettre des plantes en pots..."


Le pouvoir de la métaphore.

PaulNino
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le 17 mars 2020

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