"Ce qu'un homme pense de lui-même, voilà qui règle, ou plutôt indique, son destin."
Si elle ne démarre pas le livre, cette phrase arrive rapidement dans le gros livre de Henry D. Thoreau.
C'est un gros livre et un grand livre aussi. Essentiel, fondateur, il m'a transporté dans une philosophie à contre courant du monde dans lequel on vit aujourd'hui. On sort de cette machine à laver qu'est le XXIe siècle où tout va très vite, où tout rime avec communication, destruction et oppression.
Alors après avoir passé quelques années à faire le constat que ce monde là ne m'intéressait pas et attendre je ne sais quoi, Thoreau m'a répondu un peu plus loin dans son livre, d'agir maintenant et seul : "L'homme qui va seul peut partir aujourd'hui, mais il faut à celui qui voyage avec autrui attendre qu'autrui soit prêt, et il se peut qu'ils ne décampent de longtemps."
La leçon suivante que Thoreau m'a donné pour que je ne regarde plus (ou moins) les écrans d'appareils électroniques qui polluent ma vie est d'observer d'autres choses, bien plus belles. Et qui ont le mérite d'être gratuites. " Je suis le roi de tout ce que je comtemple. Mon droit ici n'est pas à discuter" dit-il en citant W. Cowper.
Et puis, il y a cette hymne au lâché prise, à la procrastination et au non-productivisme. Des pages entières à comtempler, à évoquer les animaux, à marcher, à essayer de comprendre le monde qui l'entoure. "En général, je ne m'inquiétais pas de la marche des heures. Le jour avançait comme pour éclairer quelque travail mien ; c'était le matin, or, voyez ! C'est le soir, et rien de remarquable n'est accompli."
Et je pourrai citer comme ça encore d'autres extraits sacrés pour moi.
Ce gros livre, nous propose une balade, au sens propre comme au figuré, dans le minimalisme d'un homme du XIXe siècle. Il y a des correspondances, des ricochets avec notre monde d'aujourd'hui. C'est dense à lire, mais la balade vaut le coup pour celui qui se pose des questions et est en réflexion sur nos modes de vie. Ça nourrit. On est au bord du lac Walden avec Thoreau et on se nourrit avec lui.