Police
7.4
Police

livre de Hugo Boris ()

Publié sur L'Homme qui lit :


Peu de professions vous exposent à la fascination et à la haine au quotidien. Les policiers français subissent la schizophrénie sociale d’un pays qui change de cible au gré du vent médiatique : on les applaudit pour les encourager après les attentats, on pleure leurs morts lors d’évènements dramatiques, on les caillasse sans vergogne lors des manifs, on les méprise lorsque l’exercice de leur profession vient déranger les petits arrangements qu’on prend avec la loi, on les suspecte d’être tout à la fois ignares, alcooliques, ripous et violents. Un amour vache, dira-t-on.


Hugo Boris nous plonge en immersion dans une mission ordinaire d’un équipage lambda de la police nationale, trois policiers comme on en croise tous les jours sans forcément y prêter attention. Virginie, la femme tourmentée par une grossesse non désirée qu’elle s’apprête à stopper, Aristide, le beau tas de muscles à la grande gueule, qui tente par tous les moyens de rester dans le giron de celle qu’il a réussi à mettre dans son lit un soir, et Erik, le major et chef d’équipage qui passe pour un vendu à la solde de sa hiérarchie.


Alors que l’incendie fait rage au Centre de Rétention Administrative de Vincennes, où s’entassent les immigrés clandestins en attente de décision de reconduite à la frontière, tous les trois se retrouvent embarqués pour une escorte d’un tadjik jusqu’à l’aéroport Charles de Gaulle. Cette mission en apparence banale, répétée des dizaines de fois par jour par des équipes spécialisées, va profondément transformer le destin de ces trois policiers, qui verront leurs certitudes voler en éclat.


C’est un roman qui se lit rapidement, deux cent pages qui nous plongent dans l’habitacle de cet équipage hétéroclite et plus complexe qu’il n’y paraît, à la manière d’un documentaire télévisé. L’histoire est touchante et empreinte d’humanité, ne verse pas dans le pathos, et nous rappelle, s’il en était besoin, que sous cet uniforme jamais assez bien taillé ne se cachent que des hommes et des femmes ordinaires, passionnés par un métier qui les use, et parfois même bien incapables de cacher leur sensibilité derrière leur gilet pare-balles.

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le 25 août 2016

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Brice B

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