Deux femmes, une mère et sa fille, ont pris la décision de vivre en forêt. Loin des hommes, loin de la ville, loin de la souffrance. Toutes les deux ont perdu un enfant et tentent d’apprivoiser la douleur de ce manque.
En résumé cela semble très tentant et pourtant, voilà encore un livre à côté duquel je suis totalement passée.
J’avoue ne pas avoir compris grand chose aux motivations des deux femmes. Dans quelle forêt sommes-nous ? Quel pays ? Quelle époque ? Qui sont ces deux femmes dont on ne connaîtra jamais les prénoms (l’une est la narratrice, l’autre n’est jamais appelée autrement que Maman) ? On apprend par bribes quelques éléments de leur vie mais jamais suffisamment pour appréhender totalement leurs personnages. Pourquoi ce retrait si définitif de la vie ? En quoi la mort de leur fils respectif peut avoir créé un tel séisme au point de renoncer à vivre avec, ou à proximité, d’autres êtres humains ? Pourquoi s’imposer de vivre ainsi, dans une forêt somme toute assez hostile, alors que l’hiver, de plus en plus rude, s’installe. Comme si elles avaient besoin de se punir de quelque chose ou d’expier ? Pourquoi choisir de rester là, seules, alors même qu’elles se sont faites voler et agresser ? A moins que cette maison dans les bois ne soit leur ultime refuge, le lien entre leur passé et leur présent puisqu’elles y ont déjà vécu, en famille, des années auparavant, quand la narratrice était encore enfant et que son père vivait encore avec eux. Ce livre soulève énormément de questions, sans jamais y répondre et j’ai été assez frustrée par ce sentiment d’incompréhension et mon incapacité à entrer en empathie avec ces deux femmes.
Et pourtant. Pourtant j’ai été très sensible au style de l’auteure. Au lyrisme contenu dans les pages de ce roman. Bizarrement, pas tant lorsque le récit se déroule dans la forêt mais plutôt lorsqu’il explore les pensées de la narratrice. On entre alors dans un degré d’intimité très fort, parfois même dans une certaine impudeur, comme si la narratrice voulait fouiller au plus profond d’elle-même.
Une lecture dont je ressors mitigée. Si l’histoire ne m’a pas convaincue, la plume d’Aurélie Jeannin a su me toucher.