Les éditions Griffe d'Encre ont un appel à textes permanent intitulé « Les proverbes ». Il consiste en des textes de littératures de l'imaginaire basé sur un proverbe dont la liste est présentée sur le site de l'éditeur. Ce « Proverbes 1 » est le premier de la série consacrée au thème et regroupe six textes. Griffe d'Encre a décidé de produire des mini-volumes plutôt que des pavés, car cela permettra d'étaler les parutions dans le temps.

« La Vengeance est un plat qui se mange froid » de Ghislaine Maïmoun nous présente une vision particulière de ce sentiment purement humain. En effet, elle nous montre comment Thibaut met en pratique ce proverbe sur sa marâtre. Un texte court et original qui sied admirablement dans le rôle d'apéritif à ce recueil tout en ne pouvant pas prétendre en être un plat de résistance. Frédérique Lorient nous présente ensuite « Pour vivre heureux, vivons cachés » où nous découvrons Victor qui profite d'un plaisir simple de la vie : se balancer dans son hamac au fond de son jardin à l'ombre d'un pommier. Lorsque son voisin commence à creuser avec cet outil archaïque qu'est une pioche, cela l'empêche de trouver le repos. Jusqu'au jour où, le calme revenu, il redécouvre des plaisirs simples. Un texte futuriste qui montre l'intrusion de la technologie dans la vie de l'homme pour son plus grand désagrément.

« Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir », tel est le thème choisi par Laurence Rodriguez pour nous conter l'histoire de cette jeune fille qui se rêve en héroïne qui sauve l'homme de ses rêves. Mais la réalité est bien moins originale, car elle se sent si ordinaire dans la vraie vie. Jusqu'à cette nuit où le jeune homme lui propose d'échanger leurs vies. Lui serait de chair et de sang et elle serait une vraie héroïne. Le regrettera-t-elle ? Une belle histoire avec ses rebondissements. Pour Nathalie Salvi « L'habit ne fait pas le moine ». C'est l'histoire d'Agathe, la petite fille modèle, qu'on met en avant en lui faisant porter les derniers modèles d'un fabricant local. Tout cela fait bien sûr des jaloux, des médisants et rend la vie de la petite si insupportable. Un joli conte bien agréable à lire qui porte une belle critique de notre société consumériste sous son apparente légèreté.

« On n'est jamais si bien servi que par soi-même ». C'est ainsi que Véronique Pingault nous propose de suivre un couple dont l'épouse est une fée du logis. Une fée un peu maniaque néanmoins pour qui tout doit briller, être rangé impeccablement, etc. Lorsqu'une annonce leur propose un contrat leur permettant de se reposer sur des tiers pour s'acquitter de toutes ses tâches de la vie courante où on ne peut compter que sur soi-même, ils signent. Ils ne savent pas encore que le cauchemar vient de commencer. Une belle descente aux enfers où les bons sentiments s'avèrent trompeurs. Isabelle Guso a choisi le proverbe suivant : « Là où frappe le professeur, une rose fleurit ». Ce proverbe énigmatique dont je n'ai pas trouvé l'origine dissimule pour l'auteur l'histoire de cette mère qui doit éduquer sa fille. Elle doit lui montrer les limites de toutes choses, même si elle aimerait lui en passer quelques-unes. Non, cette mère doit se montrer forte, ne pas céder, car c'est ainsi. Mais où s'arrête cette éducation ? Et surtout quelles sont les limites que cette mère s'accorde ? Une approche réussie, stylée et remarquable d'Isabelle Guso sur le rôle de parent et surtout sur ses dérives.

Magali Duez et Michaël Fontayne sont les deux anthologistes qui ont du sélectionner parmi de nombreuses soumissions les textes de ces premiers proverbes. L'exercice n'est pas évident tant le sujet peut être traité de façon futile comme lointaine. Je ne doute pas qu'ils sauront avoir la même approche affûtée pour les prochains volumes à paraître. Comme d'habitude chez Griffe d'Encre, cet ouvrage se termine par la présentation de l'illustrateur, ici Nicolas Trève, qui nous offre une couverture particulièrement réussie. Je suis curieux de découvrir les autres proverbes à venir.
Bobkill
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le 4 sept. 2011

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