Michael Herr 27 ans, journaliste pour Esquire, se retrouve au Vietnam et tente de couvrir cette guerre. Il se retrouve partout, dans les hélicos, dans les rizières, vit l'offensive du Têt et la paranoïa ambiante du camp de Khe Sanh (assiégée par les vietcongs). Il se retrouvera même a ne plus être "simple" observateur mais aussi acteur en tirant au M16 pour couvrir des pilotes. Tout ça entrecoupé de Marijuana, de rock, de clopes fumées par paquets entiers et de personnes à moitié folles.
Il est bon ce bouquin mais le soucis c'est qu'il a servit de canevas pour les principaux films du Vietnam (Herr a participé à Apocalypse Now et Full Metal Jacket).
Les hélicos fonçant en crachant la mort, la folie que tu emportes chez toi, les casques ornés de BORN TO KILL.
Toutes ces choses qu'on n'a pas vécu mais qui sont passées dans l'imaginaire collectif, tout ça se retrouve dans ce livre. Du connu oui, mais bien écrit et le tout se lit d'une traite.
Pour finir un petit passage qui m'a fait sourire.
Un jour, il est arrivé une lettre d’un éditeur anglais qui lui demandait d’écrire un livre avec pour titre provisoire Fini la Guerre et pour but d’ôter une fois pour toutes « tout prestige à la guerre ». Page n’en revenait pas.
« “Ôter tout prestige à la guerre !” Je veux dire, comment bordel ! est-ce qu’on peut faire ça ? Allez donc faire disparaître l’attrait d’un Huey, le prestige d’un Sheridan… Tu peux, toi, effacer le charme d’un Cobra ou d’une défonce sur China Beach ? C’est comme de prendre son prestige à une M-79, d’enlever son charme à Flynn. » Il a montré du doigt une photo qu’il avait prise, Flynn en train de rire comme un fou (« On gagne », disait-il) avec un air de triomphe. « Il n’y a rien de mal à ça, mon gars, n’est-ce pas ? Vous laisseriez votre fille épouser ce garçon ? Ohhhh, la guerre vous fait du bien, on ne peut pas enlever tout attrait à ça. C’est comme de vouloir enlever son attrait au sexe, ou aux Rolling Stones. » Il en restait sans voix, et agitait les mains dans tous les sens pour souligner la pure démence de ce qu’on lui demandait.
« Je veux dire, tu le sais bien, on ne peut pas faire ça ! » Nous avons tous les deux haussé les épaules en riant, et Page est resté un instant pensif. « Quelle idée ! a-t-il dit. Ohhh, que c’est drôle ! Enlever son foutu charme à une foutue guerre ! »