Suite au décès de sa mère, Anna Ericksson emménage avec ses trois enfants, de trois pères différents, dans la maison familiale, dont elle a hérité. Le benjamin, Tom, adolescent d’une quatorzaine d’années, est en perpétuel conflit avec Morgan, son frère aîné. Il se lie bientôt d’amitié avec Karl Berger, le voisin dont les relations sont brouillées avec sa famille depuis de nombreuses années, et découvrira qu’il est son grand-père.
Au collège, les relations avec les autres élèves sont difficiles mais Tom se rapproche d’une jeune fille un peu marginale, Nadja. Un semblant d’équilibre semble s’installer dans sa vie, jusqu’au jour où Dick Bengtsson, chef de la police locale et nouvel amant de sa mère, tente de violer sa sœur.


Avec Quand Un Amant passe, Mats Wahl s’attache moins à raconter une histoire qu’à peindre le portrait d’un adolescent complètement perdu, en quête de construction. Il sait néanmoins habilement mettre en place des éléments d’intrigue qui prendront leur sens, et leur non-sens, lors du dénouement.
La réussite de ce roman tient d’abord en la relation qu’entretient l’auteur avec son personnage-narrateur. Mats Wahl conserve en effet une distance avec son personnage et se garde bien d’apporter des jugements ou des commentaires sur ses actes : il ne cherche pas à expliquer le comportement d’un adolescent qui ne se comprend pas lui-même. L’auteur ne se veut pas sociologue mais plutôt portraitiste : il exécute de fait une peinture attachante de son antihéros ; l’empathie se discerne derrière l’apparente froideur de son approche comportementaliste.


La réussite du roman tient ensuite à la qualité d’écriture, et de traduction. L’auteur sait gérer avec élégance des éléments romanesques aussi délicats que la violence des rapports et le poids des secrets au sein de la famille ainsi que des thèmes de société tels que le viol, le racisme, le malaise dans l’éducation et la crise des valeurs contemporaine. Autant d’éléments qui, sous d’autres plumes, aboutissent à des pensums indigestes, moralisateurs, ou tout simplement insipides.


D’aucuns seront peut-être déçus par un dénouement assez ouvert, qui laisse Tom esseulé et livré à son sort. Ce dénouement est pourtant cohérent avec la démarche de l’auteur, qui n’a pas voulu écrire un essai sur le malaise d’un adolescent, mais proposer son portrait en racontant une tranche de sa vie. Reste au lecteur le soin d’imaginer son avenir, et de lui souhaiter le meilleur.

Thierry_Tohier
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le 29 déc. 2016

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