Ce court essai a été écrit en 1697 par l'un des fondateurs du libéralisme, John Locke, dans le contexte de la monarchie anglaise absolutiste. Pour être précis, il s'agit d'un rapport au ministère du Commerce et des colonies, en réponse à la question "comment mettre les pauvres au travail, selon quelles méthodes et quels moyens ?"
Ce rapport a été rebaptisé dans l'édition française : "Que faire des pauvres ?", et force est de constater que cela correspond beaucoup mieux à l'esprit gerbant de ce texte. Si j'ai lu cela, c'est par curiosité ironique, par sasochisme assumé, ou par appétit de divertissement éphèmère, car je me reconnais d'avantage dans des lectures anarchistes.
Ce rapport cynique fait un constat simple : le nombre de pauvres, de vagabonds, de médiants et autres marginaux est considérable à cette époque et ne cesse de croitre dans le royaume. La solution pour le "génie" John Locke est apparemment très simple : les travaux forcés.
Ce texte est réellement effrayant mais intéressant en ce sens qu'il est prospectif des régimes totalitaires, du libéralisme sauvage, de l'esclavage amélioré, des prisons modernes, et de toute la pensée de droite réactionnaire:
- Il faudrait déjà catégoriser les pauvres (presque leur mettre des insignes). Il y aurait "les pauvres" et puis le reste de la population.
- Cette catégorisation est associé à une pensée manichéenne : les gentils travailleurs et les méchants pauvres. La vertu de la population et le vice des pauvres qui sont tous assistés et mendiants.
- Il faudrait donc enbrigadé les pauvres qui seraient forcés de travailler, à bas salaire, et taxer sur leurs salaires pour financer leur servitude. Le tout encadré par des gardiens et gestionnaires de pauvres. Les pauvres entassés à 4/5 dans la même pièce cela va de soi.
- Il faudrait aussi les endoctriner par la religion pour les rendre dociles, et faire travailler tous les enfants de pauvres, pour les habituer dès le plus jeune âge à la servitude, et pour permettre aux parents de pauvres de travailler sans enfants à charge.
- Pour ceux qui refuseraient leur servitude, ce sont les chatiments ou les travaux forcés sur les navires royaux qui sont préconisés.
Vous l'aurez compris, ce court texte de la fin du 17ème siècle est tout aussi glaçant, et méprisable, qu'intéressant, et instructif sur la pensée libéraliste. À lire donc avec des pincettes, par ironie ou par dégout.