Timothée de Fombelle, génial touche-à-tout, auteur de romans jeunesse (Vango, Le Livre de Perle, Tobie Lolness) ou adultes (Neverland) éblouissants, de pièces de théâtre, d’une comédie musicale (Georgia), d’une bande dessinée (Gramercy Park) ou d’albums pour plus petits, signe ici son premier conte de Noël. Certes, nous sommes un peu hors saison, mais comme tout est bon dans le Fomfom, je ne résiste pas à rattraper mon retard.
Délicatement mis en images par le dessinateur italien Thomas Campi, qui réalise à peu près toutes les deux pages de superbes illustrations aux couleurs chaudes et riches, ce texte s’avère aussi inclassable que ses héros. Aussi à part. Là, peut-être, où se niche l’humanité la plus pure – désintéressée, tournée vers l’autre, désespérée de se battre pour ce que nous avons de meilleur en nous. Généreuse et lumineuse.
Écrit avec la profondeur que l’on connaît à l’écrivain, Quelqu’un m’attend derrière la neige (ce titre, quelle grâce !) confronte ses personnages à la noirceur du monde. Ce n’est pas parce qu’on écrit un conte de Noël qu’il faut céder de bout en bout à l’angélisme béat, semble nous dire l’auteur, plus inquiet qu’à l’ordinaire.
Si l’on suit Freddy et Gloria, si l’on s’attache à la marge qui les sépare du monde – la mélancolie de l’un, l’obstination de l’autre -, on se demande où cette histoire peut bien nous mener. Comme souvent ces derniers temps (voir les twists de Gramercy Park ou du magnifique petit album de 2018, Capitaine Rosalie), Timothée de Fombelle attend le dernier moment pour faire tomber le rideau.
Et l’émotion prend à la gorge. En peu de mots et quelques images à l’unisson. En une révélation finale, qui lie merveilleusement des êtres hors normes et le monde qu’ils doivent affronter – une épreuve que l’on réussit toujours mieux ensemble. Surtout quand on se ressemble plus qu’on ne le croit.
Une manière d’affirmer qu’il y a toujours une raison d’espérer, et qu’il faut s’accrocher à ce rêve pour ne pas tomber.
(Chronique publiée sur Cannibales Lecteurs)