Sa vie ne valant pas grand-chose, Rafael, qui écrit son nom « rael », négocie sa mort, pour trois cents dollars moins les frais, auprès d’un « producteur » de snuff movies. Comme depuis qu’il est né, il y perdra. Ce récit — le titre français l’indique — raconte les derniers jours de notre antihéros, depuis la « signature » du « contrat » jusqu’au matin du tournage. Il y aura aussi eu un chapitre, que l’auteur déconseille de lire, pour évoquer en détails et par anticipation le supplice de Rafael.
J’ai parlé ailleurs (1) de mon « échelle d’Egolf » ; les personnages de Gregory Mcdonald s’y situeraient presque tous entre 8 et 10. « “C’est nous, les rats”, dit Marie » (chapitre j, p. 106), et j’ai pensé aux « rats de rivière » du Seigneur des porcheries. Ferrailleurs à un petit quart, aux trois gros autres quarts totalement désœuvrés, ces rats qui forment la communauté de Rafael n’ont pour l’essentiel jamais arrêté de boire, et ne quittent que très rarement le terrain vague où ils « vivent ». Une misère sociale sans nom. La prouesse de Gregory Macdonald est de rendre ces miséreux sympathiques, et même presque dignes, sans rien concéder sur l’écriture : le style reste tranchant, et on est à mille lieux de tout discours vaguement moralisateur.

Alcofribas
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le 2 juil. 2015

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