Publié sur L'Homme qui lit :
Alors ça, il fallait y penser ! Je ne sais plus bien comment ni où j’ai mis la main sur ce livre, mais le résumé de l’éditeur figurant sur la quatrième de couverture m’a tout de suite plu, par son improbable singularité. Imaginez : une armée de pédés, de gouines et travelos bien décidés à renverser un dictateur africain, on ne croise pas ça tous les jours chez son librairie.
Et pourtant, c’est l’histoire très sérieuse de ces Rainbow Warriors, une armée privée de mercenaires, recrutés dans le plus grand secret par un ancien général américain fraîchement retraité et un peu frileux à l’idée de diriger cette clique de soldats si différents. Financée par de très généreuses donations de célébrités, l’organisation est dirigée par l’ex-secrétaire général des Nations Unies, très au fait du manque de liberté de ce petit pays fictif de l’Afrique dictatoriale et de l’homophobie qui y règne.
Le récit suit donc le recrutement de quelques soldats remarquables, dont certains seront amenés à prendre le commandement d’unités lors du coup d’état qui se profile. L’entraînement de ces personnalités si différentes et pourtant toujours drôles et touchantes ne manque pas de passages hilarants, et tous apporteront leur pierre à l’édifice dans cette grande armée bigarrée.
Mais Ayerdhal ne se contente pas d’une fresque originale et humoristique sur cette improbable armée LGBT, il parvient à interroger sérieusement le lecteur sur l’exercice du pouvoir et ses dérives, que nous rencontrons une fois le coup d’état réussi et le nouveau gouvernement mis en place, car même la bonne volonté démocratique d’homosexuels trop longtemps ségrégationnés ne suffit pas toujours à réussir en politique. Un roman sérieusement marrant à dévorer !