Rebellez-vous nous intime Marie Laguerre, dont le nom de famille sonne juste tant le lecteur lui supplie à chaque page de lui foutre un peu la paix, tant ce qu'elle raconte, non seulement n'est que le rabâchage insupportable d'une forme de mélasse politiquement correcte entendue partout et tout le temps, mais en plus contient une telle vacuité intellectuelle qu'elle donnerait même le vertige à Nadine Morano, ce qui est déjà un exploit hautement grandiose s'il n'en était pas honteux de bien des manières. Plus sérieusement, je pense que je n'avais plus lu aussi consensuel et mièvre depuis bien longtemps et s'il me fallait retenir une chose de ce manifeste indigent et grotesque, c'est que les féministes sont bien mal représentées en France, car Marie Laguerre est à peu près au féminisme ce que la diarrhée est au rectum : c'est-à-dire pas grand chose, et pourtant déjà beaucoup trop. Être victime d'un acte odieux et ignoble ne donne pas tous les droits, et certainement pas celui de s'auto-proclamer héraut d'une noble cause, en se contentant simplement de déblatérer des poncifs sur des pages tellement épaisses que le lecteur pleure davantage pour les arbres morts sacrifiés à cette prose minable que pour les crises existentielles d'une bobo rebellocrate insupportable qui, victime de harcèlement dans les quartiers chics des grandes villes où elle a habité, pleure comme si elle venait de survivre d'une lapidation en Arabie Saoudite. Ce livre, qui se veut également un guide de survie, mélange tout et n'importe quoi, met tout sur le même plan et témoigne d'une telle confusion intellectuelle que cela en devient presque comique à certains moments. Pourtant, les sujets dont elle parle ne prêtent vraiment pas à rire, et en m'excusant d'avance de faire du "mansplaining", concept aussi ridicule que le livre sus-décrit, le sujet de la condition féminine est bien trop sérieux pour être laissé à des amateurs : où sont donc les sociologues ? Les écrivaines ? Les expertes de cette lutte anthropologique majeure ? Parce que Marie Laguerre écrit beaucoup, sans jamais vraiment dire quelque chose, et le lecteur sort de là, non seulement en ayant rien appris, mais en plus en ne voulant pas en apprendre davantage. Alors même qu'elle parle de l'organisation des Femen, sans doute le groupe le plus hautement féministe d'Occident, jamais elle ne leur laisse réellement la parole, préférant nous prodiguer ses bons conseils de capricieuse de bonne famille qu'elle estime être assez intéressants pour ainsi ne pas laisser de place à des vraies féministes. En choisissant ce livre sur l'étagère de la bibliothèque, je pensais emprunter le pendant féministe du Indignez-vous de Stephane Hessel, j'ai en réalité trouvé un magasine féminin format livre, qui aurait mérité qu'on laisse cette pauvre Amazonie un peu tranquille.