La guerre des clones

Dans le monde des années 2050, alors que les États-Unis et le Japon sont passés maîtres en robotique, la technologie du clonage a pris un essor considérable en France et en Europe. C'est un monde où tout le monde, du moins ceux assez riche pour cela, peut se payer une copie de lui-même, afin d'y piocher des membres et des organes pour se régénérer dès que nécessaire. Mais l'homme qui a initié ce progrès est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel alsacienne. Le juge Norbert Rettinger est alors chargé de l'enquête. Il essaie rapidement de comprendre quel lien elle a avec l'incendie de la maison d'arrêt de Strasbourg, qui a couté la vie à plusieurs accusés d'une vieille affaire de proxénétisme.

Il est difficile de parler de roman ici, car à aucun moment n'intervient de narrateur au sens habituel du terme. L'auteur a choisi un moyen bien plus original pour exposer son histoire : le livre est composé des pièces du dossier du juge, des articles de journaux, procès verbaux et autres documents sur l'affaire, ainsi que des transcriptions d'enregistrements espions, le tout étant compilé par une mystérieuse organisation qui surveille les évènements. Cela donne un style irrégulier et décousu, qui devient passionnant à mesure que l'on s'habitue à combler les failles entre les fragments. L'intrigue doit être déchiffrée par le lecteur comme il découvre, en même temps que le juge, chaque nouvelle information, et le puzzle que l'on voit peu à peu se compléter finit par s'éclairer brusquement, avant de voler en éclats.

Par cette construction exigeante, le livre nous emmène au cœur même du sujet et du dénouement, qui lui aussi est dissimulé derrière beaucoup de barrières et de mots. Le progrès scientifique, l'ambition, l'hérédité, les magouilles du pouvoir, la justice, et bien sûr le clonage et ses dilemmes, sont autant de sujets abordés dans cette œuvre fascinante, glaçante et très intelligente.