Insomnie garantie : vous lirez toute la nuit
Waouw ! Voilà un récit complètement génial, et flippant…
Le thèmes abordés et leur contexte ne vous laissent pas indifférents : il s’agit d’un futur proche dans lequel tout le monde partage sa vie, ses vidéos et ses cauchemars sur un réseau dédié le DKB (sorte de facebook du futur). Deux grand thèmes parallèle se développent. J’ai énormément apprécié le thème ludique : le groupe des anarchistes, menés par Nada1. Ce manipulateur hors pair essaie par tous les moyens (comme le lâcher de cochon volant ! ou les scènes de Jeu vidéos célèbres reconstituées) de réveiller les consciences. Par contre j’ai été dégoûtée par le thème du snuff movie. C’est un sujet délicat. Ici il est traité avec une certaine distance, et sans en rajouter sur les scènes gores. Mais cela met quand même mal à l’aise.
Les personnages sont très bien pensés et intéressants. La jeune Sixtine, lycéenne, est une ado en proie à des cauchemars,dont certains semblent être prémonitoire. Elle est ballottée par le récit et n’a que peu l’occasion de prendre des initiatives. Quand elle a l’occasion de faire des choix elle se montre toujours courageuse, bien qu’un peu trop naïve (la police, le vidéo, la fuite). Maud et Jeremy sont les étudiants du récit : elle passionara du blocage des facs, lui plutôt dans le monde virtuel (des jeux vidéos et de la drogue)., personnages secondaires, ils servent de rouages à l’histoire. Les flics de ce roman ont chacun un vécu touchant : lui en père dépassé (mais attendrissant) et ancien alcoolique, et la jeune commissaire Alice, trahie par son ex-petit ami. La mésaventure qui lui arrive est d’ailleurs effectivement réaliste, et il est notable que ce soit elle, et non une des plus jeunes filles du récit qui en soit la victime. Malgré son rôle de femme forte, elle est vulnérable. Enfin César est le personnage le plus abracadabrantesque et le plus complexe. Il semble schizophrène et se prend de plus en plus pour son personnage virtuel Nada1, chef de file d’un groupe ludo-anarchiste sur le DKB. Intouchable, il lance des opérations à grande échelle pour semer la confusion dans les grandes villes d’Europe. Son rôle est trouble tout au long du livre. Enfin Théo se révèle incroyablement au fil de l’aventure.
Car de l’aventure il y en a ! On ne décroche pas une seconde, et tout ce monde futuriste est élaboré en arrière-plan par petite touche. La scène d’exposition permet grâce au personnage du flic "naïf" d’apprendre au lecteur la base de ce monde anticipé : tout se passe sur le DKB, grand réseau social, et en particulier sur le MyDarkPlaces, qui sert à publier ses rêves, ou plutôt ses cauchemars. Il sert aussi aux gens louches à communiquer anonymement. Sixtine et Théo, tous deux en terminale option cinéma y publient leurs travaux. Ceux de Sixtine sont inspirés de ses visions et c’est là le point de départ du cauchemar réel que va devenir sa vie.
La narration repose sur la multiplication des points de vue et c’est très bien fait. Le lecteur peut croire qu’il connait plus de détails que les personnages, mais on se fait mener en bateau admirablement. Attention le début est particulièrement ardu et nécessite une bonne concentration car l’auteur met en place une multitude de points fondateurs et une galerie de personnage assez dense. Il ne faut pas s’arrêter avant les cent premières pages sous peine de perdre le fil. Mais après ! C’est le feu d’artifice. Le suspense est tellement insoutenable qu’on ne peut plus reposer le livre. Et il est difficile de s’endormir sereinement : les ressorts et rouages continuent à se mettre en place, une fois le livre refermé.
Littéralement palpitant…d’où l’insomnie qui risque de vous prendre si vous commencez !