Après Le Tombeau de Tommy, Alain Blottière récidive ! Adepte des narrations multiples, il nous plonge cette fois dans l'histoire de deux adolescents que tout sépare. Les chapitres lient, grâce à des phrases qui commencent à la fin d'un paragraphe et se terminent au début du suivant, l'histoire de Nathan, jeune parisien aisé, quasi dépressif depuis la mort de sa mère, qui se réfugie dans le rêve indien (« jeu » du foulard) et celle de Goma, jeune Égyptien qui vit dans la misère des rues et la violence des prisons, qui rêve d'ailleurs. L'un est censé bientôt venir en vacances en Égypte, l'autre rêve de vivre en France. Le tout en plein Printemps Arabe.
Lumineuse lorsqu'il décrit notamment le parc de l'île Saint-Germain, étourdissante lorsqu'il nous plonge dans l'enfer des prisons ou l'horreur de la rue, la plume d'Alain Blottière est toujours juste, sensible, élégante, sans jamais en faire trop, sans verser dans le pathos, le larmoyant ou la prétention littéraire. En France comme en Égypte, dans les beaux quartiers comme dans les logis de misère, un baiser comme une tuerie, le jeu du foulard comme un rêve d'ailleurs, tout est raconté, conté même, avec une écriture fluide, nimbée d'une pointe de poésie et vêtue d'élégance. Rien à dire, Alain Blottière est bel et bien un merveilleux conteur, malgré les sujets graves qu'il choisit de conter.