Roman de l'au-delà par BibliOrnitho
Hinrich Schepp, 65 ans et spécialiste mondial du chinois ancien, est un lève tard. Quand il pénètre à onze heures dans le salon, il trouve Doro, son épouse penchée sur un manuscrit, comme si elle s’était endormie, épuisée par son travail. Mais Hinrich s’aperçoit rapidement que son épouse ne dort pas. Elle est décédée, et depuis plusieurs heures.
La première stupeur passée, le professeur hésite à appeler un médecin. Pour quoi faire ? Il ne pourra la ramener à la vie. Pourquoi donc ne pas profiter une dernière fois de la présence de celle qui partagea sa vie durant 29 ans ? Hinrich s’intéresse alors au texte que sa femme corrigeait et a alors la surprise de voir qu’il s’agit d’un roman avorté sur lequel il s’était essayé des années auparavant. Une sombre histoire d’un antihéros terne et sans ambition tombant amoureux de la belle serveuse du bar qu’il fréquente.
Dans la marge, Doro a abondamment commenté le texte de son mari. Avec rage, accusant ce dernier d’avoir écrit là un récit d’inspiration autobiographique. En remplaçant les noms des personnages par ceux de son mari et de Dana, la serveuse du « Pfiff » où Hinrich passait ses soirées. Le professeur est bouleversé et hurle sur le corps de sa femme qui feignait de l’aimer comme au premier jour alors qu’elle avait découvert son adultère moral depuis cinq années. Mais madame ne se contente pas de cette révélation. Ce roman qu’elle corrigeait n’est pas simplement sa manière de dire à son époux qu’elle savait tout et qu’elle s’apprêtait à la quitter. Elle lui avoua qu’elle aussi avait succombé aux charmes de la serveuse. Et que toutes deux étaient rapidement devenues deux amies intimes et qu’elles riaient de lui et de son état d’amoureux béat, ridicule à son âge.
Avec cette conversation d’outre-tombe, l’auteur crée un huis clos quelque peu oppressant opposant un homme au cadavre de son épouse. Il enrage de ne pouvoir lui répondre et note la progression de la décomposition (les taches apparaissant d’heure en heure sur la peau, l’odeur). Mais malgré ses tentatives désespérées de reprendre le dessus, Doro reste maîtresse du jeu. Le lecteur souffre également. Le ton narratif et les phrases souvent très longues ralentissent le rythme. A tel point qu’on aimerait pouvoir sortir de cette pièce. S’échapper. Et laisser cet homme blessé à sa douleur, ses regrets, ses remords qui, en fin de compte, ne nous concernent pas. Car jamais je ne suis parvenu à entrer dans l’intimité du couple et de leurs griefs. Jamais je ne suis parvenu à m’intéresser à ce petit livre qui, pourtant, m’a semblé long.
Déception.