Yazid est algérien. Il vit dans un quartier populaire d'Alger. A l'occasion du décès de sa mère, morte d'un cancer du sang, il nous conte son histoire qu'il couche sur le papier. Il retourne rue Darwin dans le quartier de Belcourt où il vécut enfant. Cette plongée dans son histoire ravive des souvenirs oubliés. Narrateur et écrivain, il revient sur son enfance dans un village perdu dans la montagne, sur Djéda, sa grand-mère toute puissante, richissime, à la tête d'un clan très puissant gérant, entre autres, des maisons closes. En Algérie et à l'étranger.

La grand-mère est respectée, crainte. Aimée aussi. Yazid grandit au milieu d'une armée de gamins dont Faïza l'aînée a pris la tête. Intelligente, oreilles et yeux grands ouverts, elle remarque tout, entends tout, comprends tout. D'où viennent les enfants du clan, d'où vient Yazid l'héritier.

Puis c'est le drame : la mort du père bouleverse l'ordre établi. La mère s'enfuit sans laisser de trace en laissant son fils de huit ans au bled. Mère qu'il retrouve et rejoint dans la capitale. Mère entourée d'une nouvelle famille au sein de laquelle il trouve sa place d'aîné. Cet enfant écartelé entre deux familles, deux mondes que tout opposent qu'il aimerait réconcilier mais qui se disputeront l'enfant. Souvenirs d'une famille hors norme, éclatée au quatre coins de la planète.

Avec en toile de fond une Algérie exsangue, meurtrie par la guerre et l'islamisme, ravagée par la corruption, Boualem Sansal navigue entre Paris, Alger et le village de montagne, fief de la famille. Il change constamment d'époque pour placer pièce après pièce, les morceaux de ce puzzle familiale. Une écriture fluide, très riche que j'ai parfois trouvée un peu pompeuse, verbeuse. Une écriture bouleversante, empreinte d'une douleur incommensurable d'un auteur écorché vif. Un de ces livres qui marque le lecteur. Un très bon moment qui confirme la très bonne impression que j'avais eu lors de la découverte de cet auteur avec le Village de l'Allemand !
BibliOrnitho
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le 21 juin 2012

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