Jeune fantôme de 526 ans (si, je vous assure, pour un fantôme c’est très jeune), Rufus mène une vie paisible dans son petit cimetière.
Il va à l’école où il suit des cours de hurlements ou de secouage de chaînes, s’amuse avec son copain zombie Octave… mais surtout, surtout, il rêve de son avenir.
Car dans son cimetière habite également Melchior – la Mort, oui oui, la Mort en personne, avec sa grande cape et sa faux ! Et Rufus, en dépit de la ferme opposition de ses parents qui attendent autre chose de lui, n’a plus désormais qu’une seule ambition professionnelle : devenir la Mort lui aussi.
Alors, quand Melchior exprime son mécontentement face aux nouvelles méthodes de travail et de rentabilité imposées par la direction de la multinationale « LA MORT INC. », Rufus a l’idée du siècle : encourager Melchior et les autres Morts du monde entier à faire grève…


Après quelques polars pour adultes pas piqués des hannetons, Chrysostome Gourio propose avec Rufus le fantôme son premier roman pour enfants. Et c’est une franche réussite.


Comme le suggère le résumé ci-dessus, voilà une histoire très originale, joliment fantastique mais pas horrifique (rien de traumatisant pour les chères têtes blondes), extrêmement prenante et bien menée. Engagée, également, avec beaucoup d’intelligence.


En effet, Chrysostome Gourio introduit en finesse les concepts de grève, de lutte sociale et d’oppression du travail capitaliste. Rien que ça, oui !
De quoi faire réfléchir les enfants mine de rien, et de les éclairer (sans les aveugler) sur le monde dans lequel ils grandissent. Un monde qu’ils pourraient contribuer à changer, pourquoi pas…
On a le droit de rêver, et surtout de tout faire pour éduquer au mieux ceux qui nous succèderont dans quelques années.


Pour faire passer un sujet aussi ambitieux pour de jeunes lecteurs, tout a été mis en œuvre avec brio, et donc avec beaucoup d’humour.
Rufus le fantôme fourmille d’idées rigolotes, à commencer par des bonus intercalés entre les chapitres, où l’on peut apprendre à fabriquer un déguisement de fantôme, confectionner des muffins au cœur de lombric ou entreprendre de dresser une liste de revendications à transmettre aux parents – en plus de nombreuses activités amusantes, des dessins, des jeux…


Le ton de Chrysostome Gourio fait aussi merveille, émaillé de nombreux jeux de mots hilarants et de dialogues tournés à la perfection ; auquel s’ajoute un jeu très dynamique sur les polices de caractère, histoire de casser l’aspect trop sérieux des livres habituels – on n’est pas là pour s’ennuyer non plus, hein !


Mené à un rythme d’enfer (forcément), Rufus le fantôme est en outre illustré avec grand talent par Églantine Ceulemans, dont le dessin pétillant et vivant – c’est un comble ! – anime le joli petit monde de Rufus.


Bref, ce roman est une vraie pépite de chez Pépix, la collection toujours inspirée des éditions Sarbacane. Hautement recommandé, vous l’aurez compris !

ElliottSyndrome
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le 26 oct. 2020

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