Étonnant petit livre de l'auteur québécois Jacques Godbout, écrit en 1967 et qui fleure bon le parler de là-bas et l'esprit du lieu. Cette courte lecture est un régal d'humour et d'inventivité narrative, et se lit avec beaucoup de plaisir.
Galarneau est un jeune homme qui ressasse son échec personnel (il n'a pas réussi ses études de lettres, alors que ses frères ont réussi) et qui cherche son talent.
Face à une société qui privilégie le succés financier et la culture de masse, Galarneau est un petit révolté, qui du haut de son van à hot-dog mène sa révolution personnelle (on sent son aigreur contre la religion, l'instruction académique et le succès qu'on exige de lui). Son amie Maryse lui a mis dans la tête d'écrire. Et c'est cette quête que l'on suit, avec ses errances, son désespoir et ses rêves...

Chaque chapitre, chaque ligne est un florilège de formules malignes , souvent géniales, qui font joliment mouche. Godbout fait feu de tout bois ( vocabulaire décalé et micro-événements familiaux) pour faire un portrait amer et amusé de son personnage en dérive. Le père, les frères , les petites amies tournent autour de Galarneau comme des comètes autour de l'astre central, façonnant ses opinions sur les hommes, les femmes (un peu macho, le gars Godbout, ci-dit en passant...) et nous expliquent pourquoi ce grand voyageur se retrouve embourbé dans son quotidien sans gloire (il voulait être ethnographe, et se retrouve au final dans un bus... sans roues).

L'écriture est l'issue de secours que va chercher le personnage, essayant dans ses cahiers de comprendre son histoire propre et de trouver dans le simple fait d'écrire une vraie façon de vivre. On appréciera la belle mise en abyme du livre qui floue la ligne entre le livre de Galarneau et celui que le lecteur tient dans ses mains.

Le livre se dirige tout doucement vers une apothéose de l'enfermement qui permet curieusement la grande ouverture de la création littéraire et le retour vers les autres. En fait ce petit récit ironique sur l'opposition voyage / immobilisme ne manque pas d'envergure, et pourrait vous bien vous laisser assez pantois. Perso, j'ai beaucoup aimé. :-)
nostromo
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le 19 déc. 2013

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nostromo

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