De Profundis...
On disait de moi que j'étais la plus belle des femmes. D'une beauté qui faisait peur autant qu'elle attirait. Une beauté qui a séduit Abram dès son premier regard sur moi. Une beauté qui ne se...
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On disait de moi que j'étais la plus belle des femmes. D'une beauté qui faisait peur autant qu'elle attirait. Une beauté qui a séduit Abram dès son premier regard sur moi. Une beauté qui ne se fanait pas, troublante et maudite, comme une fleur qui jamais n'engendrerait de fruit.
M. Halter
Elle est noble, riche, intelligente. Elle est belle et rebelle, prête à défier les dieux par amour. Elle est courageuse, passionnée et jalouse. Et stérile.
Elle, c'est Saraï, la Sarah de la Bible revue par Marek Halter. L'épouse tant aimée avec, puis malgré sa stérilité par le premier prophète de Yweh, le Dieu unique et sans visage qui promet pourtant à son serviteur fidèle une desendance innombrable. L'épouse jalouse du Dieu avec lequel elle partage l'homme de sa destinée, et et jalouse des femmes qui, les unes après les autres, mettent des enfants au monde.
Car Sarah, ce n'est pas seulement La Bible au féminin, la réécriture d'un des mythes fondateurs de notre civilisation. C'est aussi, c'est d'abord, l'histoire d'un couple. Un couple aux prises avec la Foi prophétique d'Abram, mais surtout avec la stérilité de Saraï. Une stérilité douloureuse, qui mine petit à petit leur relation. Une stérilité à laquelle ils tentent vaille que vaille de trouver un dérivatif. Un neveu orphelin. Un jeune intrigant paumé. L'enfant d'une "mère porteuse"... Jusqu'au jour où, du plus profond de sa détresse, Saraï se tourne vers le Dieu de son époux, et crie vers lui. Et que Yweh lui réponde, et la rende enfin féconde dans sa vieillesse.
Parce qu'on est dans un mythe fondateur, et pas dans la vraie vie.
Quoique... dans la vraie vie aussi, des couples stériles se voient "accorder" un enfant après une adoption...
Dans la vraie vie, les femmes stériles ressemblent terriblement à Saraï. Et leurs maris, à Abram.
Saraï et Abram, Sarah et Abraham, ne sont pas ici des figures mythiques, mais des êtres de chair et de sang. Un homme et une femme à la tête d'un peuple, qui voudraient plus que tout être d'abord à la tête d'une famille. Un homme et une femme dont l'amour va se déliter, puis renaître. Un homme et une femme qui connaîtront la trahison, l'adultère, avant de se retrouver sous le regard de Yweh.
Yweh, qui n'est pas pour rien, dans leurs épreuves, et dans leur bonheur.
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le 1 avr. 2018
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