Tandis que le premier tome de Sénéchal se terminait sur une révélation fracassante, ce second opus débute avec l'explication liée à la situation susnommée. Philippe Gardeval, sénéchal du roi et gourdiflot en bien des occasions, ne cesse de s'empêtrer dans des situations inconfortables. Alors qu'il est censé être un des personnages les plus réfléchis de l'entourage du souverain, il se fait régulièrement manipuler de belle manière.
Ce tome II demeure, dans sa première partie, très intimiste, alternant les conciliabules et coups d'éclats dans le murmures des couloirs de la partie haute de la cité. Certains personnages jusque-là cantonnés au second plan sortent de l'ombre, à l'instar de la grand-mère de Sybille, femme de grande influence. On apprend également davantage de détails sur l'histoire de la ville de Lysimaque et du rôle essentiel que tient la religion et les figures tutélaires de la cité. Un peu de géopolitique nous permet d'appréhender les relations entretenues entre les diverses villes du continent de Méronne, si l'on peut le dénommer ainsi. Le lecteur saura également pourquoi Othon de Ligias en veut à ce point au sénéchal. Bref, de nombreuses révélations rendent ce tome plus captivant encore que le précédent, les liens entre personnages devenant plus profonds et subtils.
Mais le point d'orgue de ce récit, situé dans la centaine de pages qui terminent l'ouvrage, est le siège que subit finalement la cité de Lysimaque : tendu, puissant voire étourdissant, il ne laisse pas choir le roman des mains crispées du lecteurs. Le sang, l'acier et la mort tourbillonnement à l'unisson pour le plus grand plaisir de celui qui emprunte les pas de Philippe Gardeval. ce dernier, toujours aussi gourd, ne se montre guère efficace au combat et fait ce qu'il peut au milieu de cette folie destructrice. La place réaffirmée du fils du sénéchal s'avère également captivante tout au long de la narration. Icelle comporte d'ailleurs ce qui fait le sel de la lecture, à savoir un langage moyenâgeux fleuri qui permet de savourer encore mieux les nombreuses saillies verbales de ce sénéchal gouailleur.
Alors que se clôture ce second opus, la toute dernière scène se termine à nouveau sur une situation haletante. Que va t'il advenir de ce protagoniste singulier qu'est le Sénéchal ? C'est en saisissant sans perdre de temps le tierce tome que le lecteur saura ce que le talentueux Grégory Da Rosa lui réserve.