Bateau sur l'eau tu dérives tu dérives un peu vite

J'ai lu une édition où le titre était juste "Seule la mer" et c'était bien, la suite était devinée et puis l’ambiguïté pouvait laisser entendre d'autres sens. Mais ce n'est pas du titre dont je voulais vous parler, c'était de ce livre, le titre a finalement peu d'importance face à ce texte.

En lisant la seule autre critique à ce jour ainsi que le résumé (je lis rarement le résumé, je me laisse conseiller par des amis ou bien par un auteur dont je sais aimer la plume, ce qui était le cas ici bien que je n'aie lu qu'un seul autre livre d'Isabelle Autissier), j'ai appris qu'il s'agissait de l'adaptation d'un faits-divers. Je ne connais pas l'original mais du coup j'en ai ici un bon aperçu mais ça ne change rien selon moi que ce soit "d'après une histoire vraie" ou non : l'écriture est telle que l'empathie se crée forcément pour les personnages principaux, le père et la fille, de plus en plus distants jusqu'à ne plus pouvoir se comprendre mais se sont-ils jamais compris ?

Il n'y a pas vraiment de phrases particulièrement belles, de pépites, mais c'est l'atmosphère qui se dégage qui est très puissante, la persévérance, la psychologie humaine qui sur cet immense ring qu'est la mer a forcément perdu d'avance mais qui pourtant se débat, dans sa tête, dans son corps, avec son bateau, s'il a la foi alors que son esprit vacille. La progression de la folie est fine, le rythme élégant, l'alternance avec la terre et le changement de ton bienvenu, la biographie est distillée par petits morceaux tombés à points, la langue est souple et entrainante : c'est un bon roman sans trop de jargon technique, sans prétention, humble et pourtant très puissant, témoin d'une capacité formidable à l'évocation. Et au suivi des vocations ;)

Pardon. Je vais essayer de lire d'autres livres de cet auteur. Je suis très contente de l'avoir découverte.