Difficile de définir ce roman. La couverture et le thème inclinent vers le thriller mais la narration n'est pas vraiment empreinte de l'angoisse et de la tension qui caractérisent le genre.
Saffron est une quadra anglaise, jeune veuve en charge de deux enfants et d'une vieille tante qui s'est fait virer de sa maison de retraite (pour avoir copulé avec un résident sur le bureau de la directrice). Ne pas sombrer quand votre mari a été assassiné, ce n'est déjà pas simple, mais quand en plus votre fille de quatorze ans se retrouve enceinte sans vouloir révéler qui est le père, ça se complique franchement. Ajoutez à cela la cohabitation avec une vieille femme aux perruques fluo, un gros problème d'anorexie-boulimie, des beaux-parents qui vous haïssent, un N+1 qui vous harcèle, une voisine qui vous casse les bonbons et une meurtrière qui vous envoie des lettres de menaces, admettez que ça fait beaucoup.
C'est un peu ce que je reprocherais à Dorothy Koomson : avoir voulu trop en faire. A force de vouloir complexifier la dimension psychologique de son roman, elle amène le lecteur à l'overdose ; trop d'ingrédients dramatiques tuent le drame.
Paradoxalement, malgré un tel cumul de troubles comportementaux, émotionnels, alimentaires, sécuritaires, etc., je n'ai pas réussi à m'attacher à Saffron (qui est la narratrice) et je n'ai jamais adhéré à ses opinions ou approuvé ses décisions. C'est toujours dommage de passer plus de 600 pages avec une héroïne qui ne vous inspire ni empathie ni affection...
Côté style, malgré une regrettable propension à accumuler les adjectifs, l'auteur tire son épingle du jeu. Le rythme est soutenu, l'action très présente, la structure temporelle en puzzle fonctionne à défaut d'être originale. Un lecture pas désagréable mais pas assez prégnante pour me marquer durablement.