Il y a tout d’abord cette étrange couverture : deux jeunes gens, un garçon et une fille, jouent au tennis avec une lune faisant office de balle. Leurs postures sont identiques, leurs raquettes entremêlées. La grâce d’une nuit d’été lors de laquelle il est possible de faire du sport en toute fraîcheur même si, chez Frédéric Berthet, l’été n’est jamais caniculaire. Les personnages ont toujours chauds, transpirent un peu, allongés sur les bords d’une piscine d’une maison qu’on imagine bourgeoise. Tout le monde est las mais personne n’est abruti par une chaleur insupportable bien que la journée d’été réfléchisse « à la façon dont elle s’y prendrait, le lendemain, pour devenir encore un peu plus chaude ».
Que résumer si ce n’est une succession de sensations ? Les personnages de ces huit nouvelles sont jeunes, beaux, attirés par le sexe opposé, peu angoissés face à l’avenir qui s’offre à eux. Ils sont dans cet entre-deux, jouent comme des gamins et parfois pensent comme des adultes (« mais en pensée nous sommes encore plus seuls, et c’est plus difficile »). Chez Frédéric Berthet, on se drague, on discute beaucoup même si on doute fondamentalement des fonctions du langage qui « ne dit rien de plus que l’endroit où l’on est dans le noir », on bronze, on s’ennuie parfois pour échapper aux obligations quotidiennes et on discute art (Bataille, Proust, Alain Resnais…). Tout est futile et léger dans ce monde qui nous semble si lointain et, même s’il ne s’y passe pas grand-chose, où on a bien envie d’être.
« Mais indiscret, certainement. Voilà, toute tentative de donner des noms aux personnages, même principaux, constituait dans les romans une marque d’indiscrétion vis-à-vis de la réalité. Et il en avait assez des cartons d’invitation et des renseignements. Il fallait laisser les noms aux constellations qu’on n’atteindrait jamais, mais qu’on pouvait reconnaître de loin, surtout l’été, allongé une nuit sur un talus très écarté. Les seules péripéties qu’il admettrait, ce seraient ces étoiles filantes qu’on montre à la femme de sa vie. Conclusion : miaou. »