Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un bouquin d'humour anglais. Assez fan dans le temps de P. G.Wodehouse et de ses histoires loufoques ainsi que de Tom Sharpe à l'humour tout aussi déjanté mais plus ouvertement porté sur le sexe, je ne connaissais pas Alan Bennett. Il a eu, il y a quelque temps, un succès en librairie : "La reine des lectrices", ce que ne manquent pas de rappeler les éditions Denoël avec un bandeau rouge bien appuyé.
En lisant la quatrième de couverture, le lecteur éventuel pense qu'il va s'engager dans un roman assez égrillard, proche de l'univers de Benny Hill mâtiné de l'esprit d'"Absolutely fabulous". Il n'aura pas tout à fait tort sauf que le résumé de l'éditeur est trompeur.
Tout d'abord, ce qui semblait être un roman est, en réalité, le recueil de deux nouvelles dont le seul rapport est l'âge de ses héroïnes. Ensuite, le descriptif de la vie de Mrs Donaldson, le personnage principal de la première nouvelle met uniquement en avant le seul aspect coquin de sa vie, à savoir le paiement de la location d'une chambre d'étudiant par l'observation des ébats sexuels de ses locataires alors que le propos de l'auteur est d'une autre ampleur.
En fait, cette cinquantenaire, veuve récente, découvre des aspects de la vie qu'elle avait occulté dans un mariage bourré de conventions. Pour arrondir sa maigre pension, elle travaille dans un hôpital comme fausse patiente dans des consultations médicales servant à former de futurs médecins. Le voyeurisme économique auquel elle se livre n'est qu'un élément d'un long processus d'émancipation. L'auteur nous embringue dans ce récit délirant, maniant avec brio un langage distingué pour narrer tout un tas de situations croustillantes, souvent situées au-dessous de la ceinture. Ce n'est jamais réellement vulgaire mais toujours drôle. En plus, est développé en creux un très joli plaidoyer sur les joies de troisième âge, moment où l'on peut, où l'on doit même, faire voler en éclats toute ces bienséances sociales, doublé d'une petite réflexion assassine sur le milieu médical. Un régal !
L'autre nouvelle, tout aussi corrosive, met en scène Mrs Forbes, elle aussi cinquantenaire, épouse fringante mais bourrée de principes et son fils unique Graham, beau mâle sur le point de se marier avec Betty, jeune femme sans grâce et un peu innocente. Ici, Alan Bennett s'emploie à dynamiter le vernis qui recouvre cette famille très middle class, révélant les secrets plus ou moins bien gardés de chacun et dressant un portrait cinglant de la vie de famille. Evidemment le sexe est fortement présent dans cette histoire mais, encore une fois, le style délicat et un peu guindé de l'auteur offre un décalage réjouissant, évitant la gaudriole lourde d'un Benny Hill.
La fin sur le blog
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