À force de croiser le nom de Goffman dans tel ou tel livre de sciences humaines, il fallait bien que j’y jette un œil. Dans la mesure où ses bouquins sont des pavés publiés par les Éditions de Minuit, c’est-à-dire qu’ils auraient dévoré mon temps et sérieusement nui à mon budget, j’ai préféré commencer par ce digest qui présentait tous les gages de respectabilité. Je jure – jusqu’à la prochaine fois ! – que c’est la dernière fois que je lis une critique sur un auteur sans avoir lu la moindre ligne de lui.
L’ouvrage est structuré, il est synthétique, il est plutôt clair, il se répète peu, il s’appuie sur des extraits des œuvres originales. Une introduction, des « Repères biographiques », quatre parties consacrées aux thèmes de prédilection de Goffman (« La métaphore théâtrale », « Règles et rites », « Le non-respect des règles et la question de la folie », « Les cadres de l’expérience »), deux autres pour élargir le propos (« La généalogie intellectuelle de Goffman » et « Interaction, identité et ordre social : ouvertures critiques ») et une conclusion qui précède une bibliographie et un index, comme il est d’usage : c’est incontestablement carré.
Mais mon impression en refermant la Sociologie de Erving Goffman, c’est que ses auteurs paraissent aussi passionnés par leur sujet que ma grand-mère par la carrière de Shakira. J’imagine – j’espère ! – qu’ils le connaissent mieux. Entendons-nous bien : je n’attends pas d’un ouvrage comme celui-ci qu’il s’apparente à une hagiographie ou au contraire à un brûlot anti-goffmanien ; mais un peu plus de passion n’aurait pas été malvenue, même dans un ouvrage a priori universitaire.
Parce qu’au bout du compte, à la lecture de la Sociologie de Erving Goffman, je n’ai pas retenu grand-chose de plus sur son travail et ses outils d’analyse du réel que ce que j’en avais déduit en trouvant le nom de Goffman au fil de mes lectures – principalement la notion de face, qui « conditionne toutes les autres ; toutes les autres y renvoient […] ; c’est elle qui rend possible la création et le maintien du lien à autrui » (p. 37).

Alcofribas
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le 3 avr. 2018

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