Alessandro Baricco est l’un des plus grands auteurs italiens contemporains, reconnu grâce à ses textes tels que le magnifique Noveccento, le palpitant Sans Sang ou Soie qui est probablement son œuvre la plus connue.
Vers 1860, suite à une épidémie qui touche les vers à soie du village, Serge Joncourt est envoyé au Japon chercher de nouvelles opportunités. Il va rencontrer Hara Kei, un chef de clan japonais, et une de ses servantes, dont la beauté va le troubler. Au fil de voyages successifs, il va se créer une vie entre Occident et Occident, aux passions douces, aux émotions contrastées.
Le récit est encore plus court que Noveccento, et va au plus simple de la narration, presque cyclique au fil des voyages. Les personnages sont presque distants, détachés, ils vivent des émotions et des expériences qui leur appartiennent.
C’est un livre sur la mélancolie, sur cette tristesse résignée. Au sujet de la vie de tous les jours de Serge Joncourt, de ses aspirations mais aussi de ses amours. Il est marié à Hélène, il en est amoureux, en tout cas il est attentionné, bien qu’il lui cache certaines choses. C’est l’amour impossible avec cette servante qui le ronge intérieurement, comme un souvenir qui revient sans pouvoir s’en défaire. C’est une douce obsession. Mais un amour aussi faussement solide que du fil de soie.
C’est un roman aux contours flous, où les émotions de ses personnages sont à peine exprimées. Elles arrivent à toucher directement au coeur du lecteur, mais on ne ressent qu'un courant d'air, bien fugace.
Le livre a été ressorti en édition illustrée avec Rebecca Dautremer, très visuelle, un peu fantasmagorique et a aussi été adapté en 2005 en pièce de théatre et en film en 2007 par François Girard. Chaque adaptation a ses particularités, comme si chaque auteur travaillant sur Soie ne pouvait avoir que sa propre vision de l’histoire. Soie est un texte évanescent, aux contours flous, c’est aussi ce qui en fait sa beauté, mais nous le rend distant.