s rapports difficiles au père, des jeunes couples en quête d’argent facile, la ville, la nuit, les voitures, la France des zones commerciales aux ronds points encerclés de McDo, la solitude, les petites gens et leurs petites vies, fatigués, usés avant l’heure, sans illusions. L’amour qui n’est plus, celui qui ne sera jamais, l’attente du crépuscule, l’aube brumeuse qui annonce un nouveau jour triste. Sombre aux abords, le passage vers l’âge adulte n’annonce rien de bon, il confirme surtout la perte définitive de l’innocence.
Un recueil de nouvelles bâti comme un hommage à l’album Darkness on The Edge of Town de Bruce Springsteen. Découpé en deux parties (Face A et beside), chaque texte est présenté à la manière d’une chanson. L’écriture se veut aussi très musicale. Tempo lent, rythmique traînante comme un vieux blues lancinant, rock puissant et énervé… Le résultat est surprenant, déstabilisant, assumé. Comme dans tout album, l’ensemble est inégal, les hits en puissance côtoient des morceaux moins réussis, proches de l’anecdotique. Après, chacun aura son titre préféré, le mien s’intitule « Cimenterie » et raconte une vie de prolo, d’ouvrier du petit jour qui enfile son bleu de travail et se met au turbin, vaincu par la machine, par l’usine et le grand capital, comme ses camarades d’agonie.
De la littérature française contemporaine qui sort des sentiers battus, un auteur de nouvelles construisant son recueil comme un « concept album », c’est original et ça fait du bien.