Sous un ciel qui s'écaille par norleia
Dans la petite ville serbe de Kraliévo, un dimanche après-midi du mois de mai 1980, sous le vieux plafond du cinéma l'Uranie, une trentaine de spectateurs assiste à la projection d'un film. Pendant que le plafond en stuc fatigué, représentant un ciel étoilé, s'effrite doucement, la séance est interrompue par une annonce pour le moins déroutante.
Tout d'abord, l'auteur nous amène à faire connaissance avec tous les personnages présents dans la salle, à commencer par l'ouvreur Simonovitch qui possède un oiseau qu'il n'appelle jamais. Et pour cause, son nom est Démocratie.
Puis, Goran Petrović nous décrit tous les protagonistes de ce roman, de la première rangée à la dernière rangée.
Au premier rang on trouve, comme toujours à l'extrême gauche, le camarade Avramovitch, longtemps activiste important du Parti et dont le bras droit se lève de façon incontrôlée.
Au 2e rang, on trouve Bodo, l'ivrogne du village qui cache à travers toute la ville ses bouteilles comme de vrais trésors.
La quatrième rangée est réservée pour les Roms. Ce jour-là, il y en a deux. Un qui est analphabète et un plus jeune qui ne maîtrise pas très bien non plus la lecture et qui, n'arrivant pas à suivre les phrases qui défilent sur l'écran, invente des histoires.
Il y a aussi, un professeur, un artiste, le pâtissier du village... jusqu'au 18e rang.
Derrière ce dernier rang se tient Bonitch, le projectionniste qui suit le film à sa façon et qui coupe quelques mètres sur chaque bobine afin de se créer son propre film.
A travers cette micro société serbe que représente la petite ville de Kraliévo, Goran Petrović nous raconte l'histoire d'un peuple avec ses petites et sa grande Histoire.