Dans tous les sens
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Dans le titre Autour du fort d’Aubervilliers, la préposition autour n’est pas à prendre que dans son sens spatial : le livre constitue une sorte de compte rendu d’une errance, mais aussi d’une enquête. (Il s’agit à l’origine d’un reportage, publié à l’origine dans la revue le Tigre. Il semble exister un deuxième volet, sur le port de Gênes.) Raphaël Meltz, qui habite non loin du fort en question, propose diverses réflexions autour de cette installation militaire aujourd’hui en partie désaffectée, et qui a notamment accueilli diverses recherches sur l’utilisation de l’énergie atomique ; autant dire qu’elle se trouve au croisement de différentes questions sociétales – comme on dit maintenant quand on veut (faire) croire qu’il n’y a pas de problèmes sociaux – : le nucléaire, l’urbanisme, la banlieue…
La forme du récit permet cependant certaines libertés, et Raphaël Meltz se livre à des digressions, d’intérêt variable : sur ses goûts (« Il y a quelques années, j’ai développé une passion violente pour la station de métro Haxo, dans le XXe arrondissement parisien, et pour la gare de Canfranc, entre la France et l’Espagne. Soit deux exemples de nœuds ferroviaires abandonnés », chapitre 4, p. 51), sur la littérature (« Je ne me lasse pas de la beauté des noms des éléments radioactifs : j’imagine un poète contemporain un peu couillu qui nous referait La Prose du Transsibérien sur l’énergie atomique », 2, p. 31), sur différentes approches du réel (« un journaliste a besoin, quand il part en reportage, quand il enquête, de rapporter quelque chose. Un historien, non : le silence lui convient. L’absence de tout signe est signe », 2, p. 22).
Dans les thèmes, sinon dans le ton et dans les conclusions, le texte peut faire penser aux livres de Bruce Bégout sur les marges urbaines, Lieu commun, Zéropolis ou l’Éblouissement des bords de route : « À côté de tous les sables radioactifs ramenés du Sahara dans les années 1960, un peu de ma tristesse ne polluera qu’à proportion minuscule » (chapitre 5, p. 65).
Et on se retrouve, au bout du compte, avec un carnet d’enquête qui ressemble à ce que sont finalement, de façon un peu convenue, la plupart des récits de voyage : l’histoire de l’initiation d’un narrateur qui se trouve en cherchant autre chose.
Créée
le 13 juil. 2017
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