Surprenant. Pas parfait mais très attachant.

Une Terraplane est une voiture des années 1940 avec une tête de scarabée, bien mastoc.
Le début du roman se passe dans une Russie post-apocalyptique où les citoyens échangent de l'argent qui lance des signaux subliminaux pour consommer. Deux agents de ce qui remplace le gouvernement américain, la Dryco, Jake et Luther (lequel est le narrateur) sont dépêchés à Moscou (leur couverture : commerçants de jouets) et retrouvent un indic, Skuratov. Leur mission semble être d'ex-filtrer un savant disparu, Alekhine, qui a mis au point une invention mystérieuse. Ils ne trouvent en lieu et place que son assistante, Oktobriana. Plusieurs retournements de situation forcent nos agents à utiliser l'invention, qui les propulse dans un monde parallèle, où le temps n'en est qu'à 1939, à New York. Ce monde n'est pas identique au nôtre. Ils vont devoir se débrouiller pour rentrer avant que les circonstances ne les en empêchent.

Le roman est écrit du point de vue de Luther (ce qui ménage quelques surprises ^^). La langue est intéressante, car nos deux agents parlent un langage technoïde qui contracte les mots, mais auquel on finit par s'habituer, voire s'attacher. Le charabia des deux Russes peut être un peu plus fatigant. Les personnages rencontrés dans le monde parallèle (Doc et sa femme Wanda) sont attachants et le hiatus entre les deux mondes nous renvoie à notre propre déshumanisation, notre propre éloignement des notions de famille.

Donc derrière le décorum, le folklore lié à Nikola Tesla et tout le tralala, la SF de Jack Womack n'est pas un divertissement gratuit. Son traitement de la violence et de ses conséquences, de l'indifférence sociale, de la bêtise ne laissent pas indemnes et son même nécessaires.

Un grand roman, punk dans l'attitude, et digne de respect.