Après s’être penché sur l’Histoire Franco-Anglaise dans son 1000 years of annoying the French (1000 ans de mésentente cordiale il me semble), puis sur les échecs et les triomphes (selon les points de vue) de la Bataille de Waterloo (How the French Won Waterloo, Or think they did), Stephen Clarke s’attaque aujourd’hui à un nouvel épisode de l’Histoire Française, et pas des moindres : La révolution Française.
Vous savez, cette période de l’Histoire qui a été un calvaire à étudier au collège à cause de toutes ces dates à apprendre (Alors que jusque là, à part la naissance et la mort de quelques monarques et la date de quelques batailles, on était a peu près tranquilles)? Cette période à qui l’on pardonne néanmoins parce qu’elle nous offrit notre premier pas vers la démocratie que l’on connait aujourd’hui, un temps ou de héroïques citoyens se sont battus pour des idéaux pleins de grandeur et de beauté…
Pour moi, la Révolution était un passage Historique qui se résumait assez simplement : Un bordel sans nom à partir de la prise de la Bastille, l’éviction (et la décapitation) d’un roi forcément tyrannique puisque de droit divin, l’arrivée (enfin) d’un régime démocratique, puis malheureusement la Terreur (dont je gardais quelques vagues souvenirs de décapiteurs décapités) et on passe à Napoléon. Et pendant cette période, l’émergence de l’Esprit des Lumières, le triomphe malgré tout de notre beau slogan national : Liberté, Egalité, Fraternité.
Bref, pas mal de chaos, beaucoup de sang mais le tout pour arriver à de Grandes choses avant que Napoléon ne viennent tout chambouler…
Oui, je sais, je suis nulle en Histoire. Mais il est vrai que lorsque l’on demande aux gens ce qu’évoque pour eux cette période de l’Histoire, les versions restent teintées d’héroïsme et de grands Idéaux, avec en fond sonore le brave petit Gavroche nous expliquant que s’il est tombé par terre, c’est la faute à Voltaire.
Avec cet ouvrage comme avec les précédents, Clarke nous renvoie dans un passé que chacun a étudié mais que les filtres du temps passé, de notre société et des historiens eux même ont quelque peu - voir beaucoup - déformés.
Et c’est avec sérieux mais aussi une légèreté toujours appréciable que l’on s’y replonge.
Parce que Clarke, c’est cela : le pouvoir de rendre passionnant une matière scolaire qui ne l’est pas forcément pour tout le monde en nous racontant une histoire, sans se croire obligé de sombrer dans la morosité. En parsemant son récit de petits commentaires humoristiques ou en rapprochant ironiquement certains faits, l’auteur allège les choses et rend l’étude plus stimulante. Un peu comme si votre prof le plus sympas vous expliquait son cours au pub devant un verre, sans l’obligation d’en imposer…
En commençant son récit au 17ème siècle, l’auteur plante le décors comme il se doit. L’état d’esprit des Français révolutionnaires n’est pas arrivé comme ça, un matin de 1789. Il est né de longues décennies de frustrations, de privilèges, d’exagérations, de privations. La Révolution Française n’est plus vue ici comme une page d’un manuel d’histoire - ni même un chapitre - que l’on peut découvrir et comprendre indépendamment du reste.
En faisant un monstrueux travail de recherches en aval - Clarke ne s’est pas contenté de parcourir une ou deux biographies et deux ou trois manuels scolaires mais s’est plongé dans les documents originaux, les articles de presse, discours de l’époque etc.- l’auteur nous offre un compte rendu relativement factuel des évènements avec autant d’impartialité que faire ce peut même si, évidemment, un récit impartial de l’Histoire reste presque impossible. Peut être que le fait d’être Anglais et francophile aide-t-il ?
Quoi qu’il en soit, comme cela en devient une habitude chez Clarke, on sent une certaine passion pour l’Histoire et un amour de la France qui ne l’empêche pas de les voir pour ce qu’elles sont toutes deux : des créations humaines qui ne doivent pas être glorifiées bêtement et se rendre inaccessibles.
Encore une fois, l’auteur me réconcilie avec mes cours d’Histoire et même si j’aurai probablement oublié les trois quarts du livre d’ici quelques années (perméabilité de mon cerveau à cette matière), je n’en serai que plus contente de le relire, et j’avoue attendre avec impatience son prochain livre d’Histoire.