The Wire, aussi passionnant à voir qu'à lire.
The Wire est la meilleure série de tout les temps, de ce fait, je ne peux m’empêcher de me jeter sur chaque édition traitant de ce chef d'oeuvre et encore, je me limite aux éditions françaises, vu que je ne maîtrise pas la langue d'Omar Little.
L'ouvrage aborde la série sous différents angles sociologiques et cinématographiques par le biais de divers professeurs, sociologues et auteurs découpant en 4 parties : "The Wire ou la ville américaine" - "The Wire et les institutions" - "The Wire comme oeuvre télévisuelle" & "The Wire depuis la France", le tout rassemblent 13 chapitres. Une construction qui permet d'avoir divers avis sur la série mais qui se veut aussi répétitive comme "Hamsterdam" maintes fois expliqué et étant le fait le plus traité ici.
The Wire n'est pas juste une série, elle parle d'une ville Baltimore (dont je conseille vivement le livre de David Simon "Baltimore"), mais aussi d'une Amérique loin des productions télévisuelles qui polluent les écrans de télévision, comme CSI ou Les experts, des séries qui ont pour seules prétentions de distraire. The Wire est plus ambitieuse, plus exigeante, c'est une série HBO, ce qui lui confère une qualité et un réalisme que les autres séries policières ne proposent pas ou peu.
The Wire est aussi le reflet d'un pays en échec socialement, au cours des 5 saisons, elle aborde aussi bien l'éducation, la politique, le journalisme, les dockers, la police et les gangsters. Étrangement, elle n'a pas trouvé son public lors de sa diffusion avec seulement 1.8M de téléspectateurs, alors que les Sopranos étaient à 9M, la faute à un casting trop noir. Il faut savoir que la saison 2 est la plus suivie, elle traite des dockers irlandais donc des blancs, le public s'identifiant plus à ceux-ci qu'aux gangsters des tours.
Pourtant elle est devenue populaire avec le temps par la grâce des réseaux sociaux et du rap qui y fait souvent référence, les personnages devenant des icônes comme Omar Little, Jimmy McNulty, Lester Freamon, Bunk Moreland, Stringer Bell, Bodie, Marlo Stanfield, Snoop, etc....Car elle ne fonctionne pas sur un duo mais sur divers personnages avec une psychologie, ce qui souligne encore plus l'exigence de cette série dont la plupart du casting continue leurs carrières avec succès comme Idris Elba.
Ce qui fait la force de "The Wire", c'est son réalisme. Ici, on n'a pas l'impression d'être pris pour des téléspectateurs à qui l'on vend du rêve ou du coca cola, il y a des intrigues mais elles ne sont toutes résolues, on plonge dans une Amérique en crise, ou les différentes hiérarchies pensent surtout à leur confort personnel, qu'à celui de la population ou de ses employés, que ce soit dans la police, la politique ou le banditisme. Stringer Bell voulant d'ailleurs s'investir dans l'immobilier en traitant avec des politiciens pour s'acheter une respectabilité, mais va vite se rendre compte que la corruption mène le jeu, ces gens-là n'étant pas si éloignés de lui sauf qu'ils sont dans la légalité.
Je reviens sur le sujet "Hamsterdam", un projet totalement utopique mais qui permet au major Colvin de faire baisser les chiffres de la délinquance dans sa zone, en régulant le trafic de drogue dans un seul lieu et donc de le rendre légal, confinant la violence entre ceux qui vendent et consomment, ce qui laisse la population en dehors de leurs règlements de compte. Ce même major Colvin qui va adopter Namond Brice, fils de Wee-Bey, un tueur en prison et qui va le sauver de la rue en lui offrant un foyer stable et un avenir, au contraire de ses amis d'enfance qui vont suivre le même schéma tragique que leurs aînés, l'histoire étant un éternellement recommencement, seuls les visages changent.
La série est devenue un sujet traité dans diverses universités pour souligner les inégalités sociales ou l'urbanisme dans les quartiers populaires. On peut transposer ces problèmes à notre pays, celui-ci devenant le reflet de l'autre avec 5 à 10 ans de retard, mais malheureusement pas pour les bons côtés. Une série française s'est inspiré de "The Wire", il s'agit de "La commune" avec 1 seule saison de 8 épisodes datant de 2007, elle vient de se retrouver dans ma liste de séries à voir, mais je conseille aussi celle anglaise "Top boy", qui se compose pour l'instant de 2 saisons avec seulement 4 épisodes.
Après sa lecture, l'envie de revoir à nouveau "The Wire" se fait pressante, une preuve de l'excellence de l'ouvrage, même s'il est parfois un peu pompeux, s'il renvoie souvent à d'autres ouvrages ou blogs américains ou encore quand il se veut critique en pointant du doigt l'absence de la représentation des travailleurs sociaux et montrant une image trop sombre de Baltimore et donc de l'Amérique.
Cela se défend mais en 5 saisons, avec un nombre impressionnants de personnages, le traitement de divers sujets, elle aborde plus d'aspects de notre société qu'aucune autre, c'est lui faire un faux procès, c'est lui cherché la petite bête au lieu de la féliciter d'être bien plus exigeante et enrichissante que le reste des productions télévisuelles. Il y a toujours des mécontents, comme ceux qui n'ont pu faire abstraction du rythme lent, trop habitué à la facilité que nous offre les autres séries d'ABC, CBS ou NBC (TF1 pour notre cher pays).
L'ouvrage est indispensable pour tout ceux qui sont fans de cette série, au contraire de "The Wire : Reconstitution collective", une version plus courte et moins passionnante que celle-ci, et surtout vraiment pompeuse du début à la fin, bonne lecture.