Théodora
7.1
Théodora

livre de Virginie Girod (2018)

Livre court, facile à lire et précis sur ce que l'on sait des sources, idéal pour introduire à la démarche historique quelqu'un qui n'aurait pas dépassé les cours de lycée. Pour un sujet passionnant mais duquel on fait rapidement le tour des sources et des analyses contextuelles - madame Girod étant assez peu loquace sur Justinien en lui-même - ce qui en fait un sujet parfait pour être, en plus des qualités précédemment énoncées, relativement exhaustif.
Le style manque un peu d'idée, des répétitions de termes (hiératique) et de concepts, nécessité didactique certes mais apparaissant parfois peu naturelles aux yeux du lecteur.


Théodora porte une idée du pouvoir féminin dans l'histoire. Bien qu'appuyée sur un pendant masculin et n'étant pas aussi ostensible dans le droit que celui-ci, elle exerce vrai pouvoir de fait, et a laissé une forte empreinte sur l'empire byzantin et son imagerie grâce au gus Procope d'où vienne la plupart des informations dont on dispose sur elle. Embrasser la complémentarité entre les sexes et la particularité de chacun pour avoir une influence, et ensuite faire bouger les lignes, voilà qui peut inspirer des mouvements de revendications qui restent dans un stade de revendication bruyante et de demande de droit, plutôt que dans l'action et le façonnage de celui-ci, ce qui implique de prendre conscience des devoirs.


L'idée de couple de Justinien et Théodora fascine. Comment un empereur peut préférer une ancienne courtisane à une bonne fille vierge de la noblesse, au point de créer les lois permettant leur mariage et l'association de Théodora au pouvoir de façon officielle ? Elle était belle certes, mais le fort amour qui les liait s'articule en plusieurs idées qu'il me plait de mettre en lumière : les deux donnent l'impression de s'épauler côte à côte au sommet du commandement de l'empire, l'un de manière ostensible et administrative, l'autre de manière plus subtile, les deux dans l'affirmation publique du pouvoir. En tout cas une grande confiance liait les deux personnages, et en même temps les deux personnages ont eu des sujets d'antagonismes (querelle des monophysites et des dyophysites) avec une lutte d'influence pour l'évangélisation d'un peuple duquel Théodora sortira vainqueuse.


Cela éclaire le rapport qu'entretenait ces deux personnages, confiance réciproque, complémentarité et quand cela ne perturbe pas l'administration de leur empire, rivalité informelle et les deux se mesurent en terme de compétence et d'intelligence. Ce rapport d'égalité, de liaison mesurée de confiance et d'altérité, une conscience respectueuse de l'intelligence de l'autre, et une certaine indépendance d'esprit de chacun, voilà une clé de couple pérenne. Comment ne pas les envier ? Justinien restera veuf jusqu'à sa mort suite au décès de sa femme, et il ira se recueillir longuement sur sa tombe 10 ans plus tard en retour de campagne victorieuse, ça ne trompe pas.

Pepsimon
7
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le 18 mars 2021

Critique lue 103 fois

Pepsimon

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