Vous l’aurez peut-être compris en lisant mon résumé, d’autres avis, ou même en voyant la couverture du roman qui est plutôt explicite : ce livre nous plonge en pleine fusillade dans un lycée des États-Unis.
Et le verbe « plonger » n’est pas choisi au hasard ; on est en apnée durant certains passages tant la tension et le suspens sont énormes ! Et comme on ne connaît pas les pensées de (ce CONNARD de) Tyler, on ne sait jamais qui va vivre et qui va mourir, au niveau des personnages secondaires comme des principaux.
Et d’ailleurs, parlons-en des personnages : « 54 minutes » est un roman choral et, durant les 54 terribles minutes que vont durer la tuerie, on connaît les moindres pensées, faits et gestes des quatre protagonistes Claire, Tomàs, Autumn et Sylvia. Si le roman choral peut en dérouter ou décourager certains, pour moi c’est totalement l’inverse, d’autant plus que les personnages sont le gros point fort de ce roman.
Ils sont tous variés et très attachants, de par leur histoire difficile, leur courage, et surtout l’amour qu’ils se portent les uns aux autres.
Et je ne parle pas que des personnages principaux ! La même remarque est valable pour certains personnages secondaires comme Fareed, le meilleur ami de Tomàs donc, ou Matt, le jeune frère de Claire.
Les quatre voix principales ne sont d’ailleurs pas les seules à nous raconter la tuerie puisque entre chaque chapitre, quelques pages nous montrent les messages envoyés sur les réseaux sociaux : des tweets, des SMS, ou encore des articles de blogs permettent de poser un autre regard – souvent plus extérieur – sur la situation.
Il y a les tweets d’avant la fusillade, banals, où les élèves s’ennuient. Puis, les premiers coups de feu retentissent, certains demandent de l’aide au monde extérieur, pendant que le monde extérieur pense tout d’abord à un canular. Ensuite, certains veulent savoir ce qu’il se passe dans le lycée, d’autres implorent des nouvelles de leurs proches, puis arrive la presse, à l’affût du moindre scoop, toujours plus insistante…
La situation dégénère, et le lecteur est témoin, impuissant, de tous ces proches dont la tristesse et l’inquiétude augmentent peu à peu jusqu’à devenir insoutenable.
Arrive enfin l’épilogue, il y a beaucoup moins de voix, certaines se sont définitivement tues.
C’est le moment du bilan, c’est émouvant, mais c’est aussi le moment où les survivants se rassemblent, c’est la vie qui continue… C’est beau putain. Mais qu’est-ce que c’est triste.
Parce que oui, au cas ou vous en douteriez, l’histoire de gosses qui se font fusiller un à un par un malade, c’est vraiment triste.
Et, même si, honnêtement, j’ai vu les ficelles de l’auteure, je sais évidemment que les personnages, les témoignages, le moindre mot est choisi – entre autre – pour faire vibrer la corde sensible chez le lecteur… Bah oui bon, j’ai versé une larme (et même DES larmeS) à la fin. Voilà, c’est dit. (Ne me jugez pas.) (Je dis que je pleure dès ma première critique, bravo la belle image qu’on va se faire de moi.)
Bref, vous l’aurez compris, pour moi, « 54 minutes » est un énorme coup de cœur, c’est un très bon premier roman de Marieke Nikjamp, qui est une auteure que je vais suivre de plus près.
Alors si le roman à plusieurs voix ne vous fait pas peur, si vous êtes prêts à plonger en enfer durant 54 minutes, je vous conseille énormément ce livre qui traite d’un sujet tragique mais qui sera malheureusement TOUJOURS d’actualité. (Mais munissez-vous d’un mouchoir. Ou pas, bande d’insensibles.)