Le Commandant Chanel doit prononcer un discours lorsqu’un de ses collègues doit partir à la retraite. Les mots viennent tout seuls lorsqu’il doit les écrire mais ce n’est pas pareil pour s’exprimer.
Il est appelé dans un immeuble cossu suite au meurtre de l’épouse d’un ex-préfet. Ce dernier a été assassiné il y a six mois. Deux jeunes malfrats ont dérobé tout ce qu’ils ont pu. Mais sont-ils les auteurs de cet assassinat. Ce serait trop facile pour Chanel et son équipe qui entrent dans l’univers de l’art, de l’art africain.
Amatrice de policiers, de polars, ce n’est pas tant l’enquête policière qui m’a le plus plu, c’est le personnage de François Chanel. Il a un côté vieux, bonnes manières, qui donne à ce roman un esprit plutôt ancien. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Même si François Chanel est assez âgé, il est tout de même au fait de tout ce qui peut se passer. Il a toujours soif d’apprendre et n’hésite pas à être comme une sorte de professeur envers les jeunes, car pour les autres, il préfère taire ses acquis. Le personnage est complexe, sans l’être. Il n’est pas misogyne même s’il n’aime pas travailler avec les femmes. Pourtant, il accepte, mais en rechignant, l’arrivée de ces deux nouvelles recrues en stage. Après un briefing complet, il se rend compte qu’elles auront un regard neuf sur l’affaire et qu’elles ne sont pas là pour faire de la figuration. De plus, non marié et sans enfant, il a un rôle vraiment paternaliste envers les petites et jeunes filles. Chanel n’est pas un flic comme les autres. Il veut être tranquille, sans objectifs, sans hiérarchie et sans également faire du management. Il n’aime pas s’exprimer en public. Il a peur de passer pour quelqu’un de loufoque. Mais ces états de services sont très bons.
Le petit jeune est également attendrissant. D’ailleurs, pratiquement tout le monde le pense même s’il parait loufoque habillé tout de vert. Il prend une autre identité. Il cherche de l’argent facile pour vivre mais il a ses propres principes, venir en aide à ceux qui en ont besoin. Il manque d’amour, il a été balloté d’un foyer à un autre, pas de stabilité. Il se lie toutefois assez facilement.
Concernant l’enquête. Cela fait du bien de se retrouver à Paris et surtout au 36, quai des Orfèvres. Pour les amateurs du genre, le 36 est, bien entendu, emblématique. Je n’ai pas trouvé de dissonances dans ce roman par rapport à ce que j’ai pu lire auparavant. Le 36 reste vraiment le 36 et, là aussi, il est extrêmement bien détaillé. Tout comme la Gare de Lyon, ma gare de départ et d’arrivée. La connaissant, mais pas de fond en comble, j’arrive très bien à revoir certains coins et j’en découvre d’autres avec la plume et les yeux de l’auteur. Lors de mon prochain voyage et si j’ai le temps, je tenterai de m’attarder sur certains éléments. L’enquête policière est bien menée, malgré le peu d’effectifs de Chanel. Il nous entraîne dans le milieu de l’art africain avec tout ce qui peut se rattacher, concernant sorcellerie et autres. J’ai bien aimé la plume de l’auteur, très documentée sur cet art, qui change les descriptions des objets selon la personne qui les voit. Cela s’est passé avec le jeune homme et ensuite avec Chanel. Oui, l’enquête avance petit à petit. Si l’on en croit Chanel, il n’a aucun indice mais en avançant dans la lecture, les progrès sont tout de même conséquents et ne sont pas dus à la chance. A mon humble avis, je n’ai donc trouvé aucun côté sombre à ce roman policier. Chacun fait ce qu’il doit à faire, avec les moyens du bord. Bien sûr, il y a des crimes, des interrogatoires, des suspects et même si l’enquête est un des thèmes du roman, elle n’est pas prépondérante pour moi.
Ce que je retiendrai de ce roman ? Le personnage de François Chanel, le 36 et la gare de Lyon. Egalement être plongée dans un roman dont les pages défilent sans s’en rendre compte.