Chaque phrase est si belle qu'on pourrait la reprendre comme citation, chaque mot semble ciselé, choisi avec soin, parfaitement à sa place. Il y a des profondeurs étonnantes et des réflexions faussement candides. Certains parlent de fable, mais je n'y ai pas trouvé de morale, je ne les suivrai donc pas sur ce terrain. Il s'agit plutôt d'un très long poème en prose, à mes yeux.
On aurait donc pu craindre que cette poésie le rende indigeste au bout de quelques pages, mais pas du tout! Il se dévore page après page. Et se recommence dans la foulée, ce qui est quelque chose que je ne fais pourtant que rarement.
Ces échanges entre Zeca et sa corpulente voisine, tous deux "sur le versant duquel la vie ne bouge que pour descendre" se teintent de toutes les émotions: séduction, maladresse, tendresse, saudade... et leurs échanges ne perdent jamais de ce piquant unique qui fait tout leur charme. Dona Luarmina sait se défendre face aux avances de l'ancien pêcheur, et parvient à lui faire dévider les souvenirs vrais qu'elle a envie d'entendre. Ils s'enchaînent donc, et la relation des voisins s'étoffe à mesure que le récit progresse.
Si je l'ai tellement aimé, pourquoi ne pas lui offrir la note maximale, dans ce cas? Simplement parce que je considère que ce n'est pas un livre qui pourra être recommandé à tout le monde. Je l'ai vécu comme un moment suspendu, une parenthèse poétique à savourer, et je pense qu'il faut être capable de s'accorder cet instant de grâce pour pouvoir vivre ce récit et le comprendre. Si vous ne lisez qu'une dizaine de pages avant de dormir, vous passerez peut-être à côté.
Mais si vous vous servez un thé, que vous débranchez le téléphone, que vous vous déconnectez du monde avant de vous installer confortablement et de tourner la première page... Là, je vous garantis de la magie.
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