Critique de Shaynning

À certains égards, l'histoire de "Tourterelle" ressemble au conte de Raiponce, mais modernisé. Il y a indéniablement des airs de contes dans cette histoire pleine de douceur et de drame.
"Tourterelle" ne s,appelle pas réellement comme ça. Alors qu'elle avait trouvé le corps mutilé d'un oiseau, une tourterelle triste, elle se rend dans une maison pour demander de l'aide. Son arrivé coïncide avec l'arrêt d'une crise épileptique d'une petite fille qui y résidait. Dès lors, de manière inexpliquée, celle qu'on a appelé par erreur "Tourterelle" semble porter chance aux gens. Elle sera invitée partout comme porte-bonheur et son nouveau pseudonyme est unanimement adopté, effaçant du même coup la personne qu'est est. En parallèle, elle fait la connaissance d'Alex, un peintre débutant passionnée d'oiseaux dont elle tombera amoureuse. Puis, un jour, le drame frappe. Chagrinée, dépassée par un don qui semble de plus en plus invasif, un de ses amis, Erik, qui a largement bénéficié de sa chance , lui fait une proposition qui la conduira dans une maison de campagne, loin de tout le monde, mais à une condition. Désormais, Tourterelle doit lui produire des pièces de tissu brodées, avec lui pour client exclusif.
Tourterelle est ce genre de personnage doux, sensible, qui n'aime pas avoir les projecteurs sur elle. Pourtant, c'est exactement ce qui lui arriva avec ce don étrange de chance insolente. Mais ce don la concerne-t-elle aussi? On se demandera également ce qui a mené Tourterelle dans cette maison loin de toute civilisation et pourquoi brode-t-elle à la seule personne d'Érik?
Le récit est sur deux plans temporelle: celui qui nous explique comment Tourterelle en est venue à vivre dans la maison de campagne, l'autre prenant place au présent, alors qu'elle y réside depuis un an.
C'est une histoire dans lequel il y a beaucoup de douceur, de beauté et de nature. La broderie, les oiseaux, la peinture et l'hiver sont des thèmes récurrents, mais il y a aussi du drame. On y trouvera la corruption, la mort, le deuil et l'abus.
Fait amusant: on ne sait pas trop où nous nous trouvons. Il n'y a pas mention de villes ou de rues.Le langage des personnage est un français international. Les noms ne sont pas typiques: Stella, Erik, Thomas, Hector ou Alexandre. On pourrait être dans n'importe quel pays nordique, mais comme l'autrice est québecoise, je pense que nous nous trouvons dans la capitale de Québec. Mais j'aime qu'il y a ait cette ambiguïté.
C'est donc un beau roman qui nous porte comme un doux vent d'hiver, qui berce avec ses mots et qui nous prend par les émotions, aussi bien destiné aux ados qu'aux adultes. Il y a quelque chose de très humain dans cette histoire et j'ai beaucoup aimé la force tranquille de Tourterelle.
À découvrir!