La poésie de Roberto Juarroz me rappelle beaucoup l’univers de Jorge Luis Borges (les deux sont argentins, impossible d’imaginer qu’ils ne s’estimaient pas) : ce sont des poèmes comme des expériences de pensée, à l’esthétique dépouillée, aux jeux de langages simples mais vertigineux pour décrire des mondes et des univers mentaux qui augmentent la réalité. Ce sont des poésies comme des points d’interrogation sur des « et si », des structures sobres mais ingénieuses qui m’ont prises par surprise à coup de grands chocs métaphysiques. Ça n’est pas beau, c’est plus que ça, c’est une réalité démultipliée, une porte vers un autre chose. Je suis souvent réfractaire à la poésie, mais ici qu’est ce que c’est limpide et bruyant à la fois.