Pour ceux qui ignorent tout des Katakombenheiligen, et je les imagine nombreux, Trésors des catacombes apprendra à peu près tout sur le sujet. En gros, du XVIe au XVIIIe siècles, l’Église catholique a fourni la partie germanique des Alpes en squelettes extraits des catacombes romaines, canonisés pour la forme et somptueusement parés – vêtements, bijoux parfois faux, etc. Il s’agissait de lutter contre l’influence protestante en jouant sur ce qu’on pourrait appeler la foi du charbonnier.
J’ignore si Paul Koudounaris est historien, mais ses explications historiques sont claires et l’ensemble a l’air documenté. Du reste, ni Admirez la superstition des cadavres !, ni Comme c’est beau ! : il se garde à la fois de tout parti pris sarcastique à la façon voltairienne et de tout ébaubissement niais à la Stéphane Bern – désolé pour Voltaire et Stéphane Bern dans la même phrase… À la rigueur, il manque un peu d’âme à ce livre, comme si le propos cherchait à compenser, par sa sécheresse et sa précision, l’extravagance du sujet. (Oui, quand même, habiller des squelettes comme si c’étaient des princesses pour les exposer dans des lieux de culte, c’est… spécial…)
Quant au travail du photographe – car Trésors des catacombes est aussi un livre de photographies –, Koudounaris le maîtrise. Les photographies sont bien cadrées, bien exposées, relativement variées, mises en valeur par le grand format du livre. Artistiquement, je les trouve trop clinquantes, mais techniquement elles sont irréprochables, et ont le mérite d’insister sur un point que le texte aborde par ailleurs : l’alliance de munificence et de macabre qui caractérise les saints des catacombes.
Si j’étais mauvaise langue, je dirais qu’il fallait bien ces photographies pour donner au livre un volume conséquent : avouons que, compte tenu de son sujet somme toute assez pointu, le texte parfois redondant de Trésors des catacombes atteint le nombre maximum de pages que peut compter un travail destiné aux amateurs. Plus court, il eût risqué d’être incomplet ; plus détaillé, son propos eût pu lasser le lecteur non spécialiste.

Alcofribas
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le 15 mars 2019

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