Elle est belle, intelligente et noire. Elle, c'est Tsippora, la fille adoptive de Jethro. Secourue par un inconnu aperçu en rêve, elle va l'aimer, au grand dam de sa soeur, lui faire admettre son destin, et l'épouser. Lui, c'est Moïse, fils adoptif de la Reine d'Egypte, et haï par son beau-père/cousin. Moïse, juif élevé comme un Prince par les oppresseurs de son peuple.
Tout le monde connaît l'histoire de Moïse. Marek Halter met en scène celle de son épouse après avoir transfiguré l'épouse d'Abraham. Après la douleur de la stérilité, il décrit le racisme au quotidien, celui auquel est confrontée Tsippora, d'abord face à sa famille et son peuple d'adoption, ensuite face ceux de son époux, à commencer par Myriam et Aaron, sa soeur et son frère.
Bien plus que l'histoire de Saraï, qui, après tout, finit bien, celle de Tsippora est une tragédie. La tragédie quotidienne, douloureuse, d'une femme face à l'Histoire, face à un peuple qui n'est pas le sien, et face à Dieu. Une femme à laquelle on s'attache, page après page, comme à cet homme qui est bien plus qu'un guide et un symbole, Moïse. Une femme forte, amoureuse, et blessée. Et fascinante.