J'ai lu deux romans de Janis Otsiemi, l'écrivain de polars gabonnais : La bouche qui mange ne parle pas et Les voleurs de sexe. Tous les deux très bons, dépaysants et noirs, très noirs. C'est sans doute parce que j'ai cet excellent souvenir de ces deux lectures que ma déception est assez forte. Le moins que je puisse dire, c'est que Janis Otsiemi ne s'est pas foulé. Il se répète beaucoup, tant dans la description de son intrigue que Jean-Marc explique de nombreuses fois aux divers intervenants que dans ses déambulations nocturnes dans les restaurants et cafés de Libreville. Le roman n'est pas désagréable, certes non, mais il manque de tonus, de liant. Il n'est pas passionnant et même la langue de l'auteur parfois si fleurie est nettement plus morne, comme s'il avait voulu, en passant chez un plus grand éditeur se faire plus consensuel et plaire au plus grand nombre. L'intrigue n'est pas particulièrement fine et surprenante non plus. Décevant, parce que le Janis Otsiemi que j'aime, c'est celui qui ose dire tout ce que ne va pas dans son pays, pas quelques lignes égarées dans son roman, mais plutôt un contexte fort présent -là, la corruption est oubliée et les relations troubles entre politiques et malfrats évoquées certes, mais assez tardivement et brièvement. Décevant aussi parce que je ne retrouve pas son verbe haut et coloré, ses personnages forts en gueule au langage imagé, argotique.
Voilà, c'est dit, je suis désolé de dire des trucs pas sympas sur le livre d'un romancier que j'aime bien, mais j'espère que le prochain saura me plaire davantage. Néanmoins, je répète que ce polar est tout à fait fréquentable, il remplit très bien son rôle de divertissement, je le trouve juste un peu inodore, fade...