Court roman d’Alexandre Postel évoquant l’automne 1875 de Flaubert, l’auteur nous propose ici un fin mélange entre biographie (basée sur la recherche et les correspondances de Flaubert) et le roman. Nous avons le droit à une biographie romancée, quelques détails sont inventés, la manière de les raconter, les états psychologiques profond du personnage, tout cela ne saurait être vérifié. Mais à côté, nous avons énormément de propos réels, vrais, et de scènes affirmées par l’Histoire.
Flaubert a peur de la ruine de sa nièce (qui lui donne son argent), il se sent inapte à écrire, il se sent éloigné du monde. Même Victor Hugo finit par l’ennuyer. Il décide alors de quitter, pendant trois mois, le monde normal et de retrouver des savants de sa connaissance, mais non amis, à Concarneau. Et là, loin du monde, soit il portera le deuil de l’écriture, soit il finira par retrouver le goût de celle-ci.
Le roman oscille entre des phases d’action au style plutôt monocorde, et des passages plus profonds, introspectifs, où Flaubert tente de répondre aux questions du style de vie, au sens de cette vie, à l’art, à la science, à l’ennui, à la peur. Ainsi, on voit que le style de Postel est comme « parasité » par Flaubert. Certains pourraient ne pas aimer, à titre personnel, j’estime que si cela nuit à quelques passages, dans l’ensemble, c’est très majoritairement un plaisir à lire. On appréciera en particulier l’augmentation des élans poétiques au fur et à mesure que le personnage principal, notre bon Flaubert, reprend goût à la vie.
On se délectera de chaque page dans le dernier quart du livre, même si déjà avant on aura apprécié le reste. En effet, bien que court, le roman nous captive très vite et peut se dévorer en une seule journée. Je recommande cependant d’aimer la littérature du XIXe siècle. Il n’est pas nécessaire d’adorer Flaubert (par exemple, je ne suis pas spécialement fan), mais d’aimer cette période et cette époque.
La personnalité de Flaubert, jamais augmentée, jamais célébrée, toujours sincèrement montrée, finit tout de même par attacher le lecteur. On sent une volonté de sincérité dans chaque ligne. L’auteur ne nous trompe pas sur ses attentions, ne nous manipule pas et cela est plaisant.
Pour moi, le livre n’a que 3 défauts :
Il est court, et c’est bien dommage. D’autant plus que le second défaut est sa fin assez abrupte, tombant trop d’un coup à mon goût. J’aurais aimé encore un peu plus de temps à Concarneau. J’aurais aimé qu’on en ait plus. Que la fin arrive plus progressivement. Et donc, on peut aisément imaginer le roman gagner une cinquantaine de pages en plus.
Enfin, vous l’aurez compris, certaines phrases de descriptions d’action sont, à mon goût, assez maladroites. Cela se remarque d’autant plus par leur simplicité et le manque de trait fatal dans les mots, là où le reste du roman n’hésite pas à proposer quelque chose de plus haché, de plus agressif, mais aussi de plus somptueux, alliant rire intellectuel et finesse d’esprit sans jamais perdre la profondeur réelle.
Une bien belle lecture qui se lit rapidement et permet d’épouser simultanément aussi bien la littérature contemporaine que les classiques du XIXe siècle.