Un blues de coyote par limma

“...Près d'elle, prenant le soleil sur le rebord d'une jardinière de fleurs, un petit lézard brunâtre aux yeux sans paupière lui rappelait bizarrement une photo de Jimi Hendrix que sa mère lui avait scotchée près de son lit d'enfant...”

Toujours en décalage entre une réalité et des situations flirtant avec le surnaturel, les personnages sont moins déjantés mais plutôt loufoques avec un humour moins ravageur que le “lézard lubrique de melancholy cove”...Un délire plus « sérieux » qui prend sa place dans la réalité, comme une évidence, en offrant une vision burlesque de la mythologie.

Christopher Moore en profite pour quelques réflexions sur l'amérique et ses dérives, sur la politique des minorités, mais toujours sur un ton décalé pour dénonçer par exemple, la Foi “chrétienne” des indiens ayant renié leurs croyances pour mieux s'adapter (?)...

Une écriture plus retenue n'en oubliant pas une certaine bienveillance pour ces personnages, l'amitié, l'amour et les liens familiaux en trame de fond, sont autant d'éléments déclencheurs pour cette quête initiatique... ou comment un homme, qui en a oublié sa véritable identité -Samson chasseur solitaire- se trouve rattrapé par son passé grâce à une divinité Crow, élégamment nommée “Vieux Bonhomme Coyote”. Joueur et passablement irritant, venu semer le trouble dans la vie de Sam. Légèrement lubrique aussi, il nous racontera ses péripéties de l'autre monde, se changera en corbeau ou en loup, n'hésitant pas à distiller lui aussi à l'instar du “Lézard lubrique...”, un peu d'amour alentour et parfois quelques dérapages pas toujours heureux.

il y a aussi Aaron son mentor professionnel qui n'en oublie pas sa personnalité de grippe-sous ; un ancien voleur devenu chef de la sécurité de son immeuble ; son oncle Pokey, qui entre deux gorgeons de whisky, faisait son éducation spirituelle et qui devra errer dans le monde des esprits pour tenter de le retrouver..Facile ; F-M, le géant noir, un allié de dernière heure, négociateur impressionnant pour un casino de Las Vegas ; et Calliope, dont Sam croisera la route pour le meilleur ou pour le pire (?) qui nous offre des réflexions rafraichissantes de candeur inattaquables. Tous ou presque, devront également affronter une bande de bikers dotés de réflexions douteuses. Une leçon d'histoire par Anubis, et son franc parler finira de nous convaincre que le style propre de Moore est un roman à lui tout seul.