Un ciel si proche par Sauvage
Vu le résumé du livre, on aurait pu s'attendre à la simple narration cliché d'une enfant malheureuse dont les parents, séparés par leurs convictions (Orient/Occident), se disputent sans arrêt. Il n'en est finalement rien.
J'ai été étonnée par la rédaction : la petite s'adresse toujours à son père à la deuxième personne du singulier, tandis que la mère n'a pas droit à cet aparté privilégié et direct.
Sur fond d'Irak de la première guerre du Golfe, le destin d'une jeune fille puis d'une femme qui nous pousse à réfléchir sur des sujets délicats dont on ne souhaite pas toujours entendre parler. On ne perçoit pas seulement l'aspect politique ou les pertes humaines engendrées. On vit aussi de l'intérieur ce qui peut être ressenti, vécu. Quelles peuvent être les conditions de vie d'une telle période ?
Certains développements sur la maladie, le cancer, soulèvent particulièrement le cœur.
Au final, je dirais qu'Un ciel si proche est une grande réflexion intérieure sur la façon d'appréhender le monde extérieur, la vie en général. L'espérance, ce flux de vie qui coule en nous, est sûrement la dernière chose qui nous reste en temps de crise - politique, personnelle.
« [...] maintenant que la guerre a atteint une telle ampleur, peu importe quand elle s'achèvera. Bien sûr, les pertes matérielles vont s'accumuler. Ils feront le compte des dommages militaires, économiques, géographiques et humains. Le monde entier étudiera cette guerre, ses désastres et ses conséquences sur la région. Les gens vont se soucier des moyens adéquats de lancer le processus de reconstruction et de revenir à la vie d'avant. Mais personne ne viendra interroger ce puissant désir humain de survie. Si nous survivons, ou plus exactement si nous survivons à cette période où notre jeunesse aurait pu à tout moment être anéantie par une balle en métal ne mesurant pas plus d'un centimètre, nous oublierons sans doute ce qu'était la vie avant cette guerre ».
« L'heure a passé. Je pose mes doigts là en bas et je me dis : Rouge crépuscule ».
« -Tu perds ton temps.
- Tu veux dire que je perds encore plus de temps perdu. »
« Les promesses, ma fille, sont un pur phénomène imaginaire ».
« Si nous mourions tous ensemble, crois-tu que nous continuerions à avoir peur de vivre seuls ?
[...]
N'est-ce pas la vérité ? La mort est quelque chose de tellement individuel. C'est pour cela que les gens préfèrent vivre avec les autres, pour éviter de mourir de solitude. Pourquoi devraient-ils vivre seuls puisqu'ils savent qu'ils vont mourir seuls ? N'est-ce pas cet instinct qui nous pousse à nouer des liens, à nous marier et à faire des enfants ? N'est-ce pas pour emmagasiner dans notre inconscient des images de nos enfants qui restent auprès de nous et finissent par marcher derrière notre cercueil à notre enterrement ? »